vendredi 30 mars 2012

My Emotional Roller Coaster


"Comme ce sont mes propres expériences que je vais décrire, je me dois de rassurer le lecteur : mon intention n'est pas de l'accabler de mon histoire personnelle. J'espère seulement piquer sa curiosité envers lui-même. Les pages qui suivent sont des pages autobiographiques très sélectives centrées non point tant sur la personnalité du narrateur que sur des situations délicates, de caractère universel" (Eloge des Femmes Mûres, Stephen Vizinczey).

Bien.

Ceci étant dit, parlons de moi.

Huhu.


Hier, mon docteur m'a écouté le coeur. Il s'est avéré que mon coeur bat très vite.
Plus vite que la normale.
En effet, je suis émotive. J'ai souvent des palpitations.
Souvent, mon coeur s'emballe.

Je suis un peu comme Kristen Bell (lecteurs de Girls and Geeks, vous connaissez la vidéo) :
"If I'm not between a three and a seven on the emotional scale, I'm crying".



Bref, il m'arrive parfois de me mettre dans des états, euh... extrêmes.

Je suis émotive de manière générale.
Parfois, quand je suis excitée, ou stressée, je tremble. Et ça se voit. C'est gênant.
Mon coeur bat la chamade. Je parle vite. J'ai le souffle court. Ma voix déraille.
J'ai déjà passé une heure allongée sur mon lit, mon téléphone à la main, à attendre que mon coeur se calme avant de pouvoir appeler un garçon.
Parfois, le simple fait de voir le nom de quelqu'un apparaître sur l'écran de mon téléphone me donne de mini crises-cardiaques.
Je dois parfois attendre un certain temps les yeux fermés de reprendre mon souffle et de retrouver mon calme avant de pouvoir ouvrir un message et le lire.
Je suis également incapable d'acheter un billet d'avion sans prendre un calmant avant.
Je suis un peu cinglée, quoi.
(Mais je préfère le terme "émotive". Si vous n'y voyez pas d'inconvénient).  

1) Je pleure facilement.

Parfois, quand je suis un peu fatiguée, je suis "fragile". Du coup, je suis anormalement sensible.
Ces jours-là, j'ai des réactions excessives, voire inavouables.

- Je pleure parfois devant les pubs Kinder. (Et pas de rire). (Je sais, c'est la honte). 

- Parfois, je pleure aussi devant les pubs d'assurance vie où on voit des enfants qui sautent dans des flaques, puis qui vieillissent, se marient, ont des enfants, et deviennent vieux, avec des violons en musique de fond. Ca marche à tous les coups. (Enfoirés de publicitaires).

- Je pleure quand je vois un vieux monsieur qui danse tout seul comme un fou au bal du 14 juillet. 

- J'ai pleuré à la fin de Thelma et Louise, (attention spoiler attack) quand elles se jettent dans le grand canyon. Grande tragédie.

- J'ai pleuré à la fin de Gros Dégueulasse de Reiser, quand Gros Dégueulasse s'ouvre les veines avec sa boîte de cassoulet. (No comment).

- J'ai pleuré pendant une heure quand j'ai appris que mes amis s'envoyaient des mails derrière mon dos pour m'offrir un appareil photo pour mes trente ans ("boooooh, c'est teeeeeellement gentiiiiiiiil, boohoohoo").

Je pleure aussi souvent quand je suis en colère, fatiguée, surmenée, stressée. Hier, j'ai eu envie de pleurnicher parce que le monsieur de chez Franprix avait été méchant avec moi. Booh.
Bref je suis un gros bébé qui pleure pour évacuer les tensions. Y a rien de tel. Vous devriez essayer.

2) Je suis très -trop- enthousiaste. 

Je suis réputée pour être une fille gaie, joyeuse, souriante, dynamique, enthousiaste.
J'aime la vie, les gens, le vin, le jour, la nuit, le printemps, l'été, l'automne, l'hiver, le chaud, le froid, le soleil, la pluie, l'orage, le champagne, l'odeur de l'herbe coupée, tout ça tout ça. (Vous en aviez déjà marre quand j'ai dit "l'été" ? C'est que vous avez décelé mon problème).
Je suis, je crois, ce qu'on appelle "une passionnée". J'ai souvent de grands engouements.
Je suis capable de pousser de grands soupirs de plaisir satisfaits et comblés en buvant un jus de tomate en terrasse, en disant "aaaaahhhh, c'est trop bien".
"Toi quand t'aimes quelque chose tu l'aimes pas à moitié, dis-moi", m'a dit un jour Astro, amusé.


Quand je suis contente, je souris tellement fort que j'ai des crampes aux joues. Je dois les tenir avec mes mains et les masser pour arrêter de sourire parce que ça fait mal. 

C'est un inconvénient mais ce n'est pas le seul.
Il y a d'autres mauvais côtés.
L'autre jour, Don Valdes et moi avons parlé d'une soirée où nous étions tous les deux, il y a quelque temps. (C'était du temps d'Astro, qui était d'ailleurs avec moi).  J'étais, paraît-il, "hystérique" : "Tu bougeais dans tous les sens, tu parlais à tout le monde, tu dansais avec tout le monde, tu riais très fort". Arf. Mince. Je me suis encore donnée en spectacle.
C'est un de mes problèmes : quand je suis excitée comme une puce, ça se voit.

Je suis en effet également réputée pour être... "expansive". Démonstrative. Très démonstrative.
Ce qu'Astro a appelé - souvenez-vous - ma "trop grande spontanéité".
En soirée, je suis joyeuse, sociable et chaleureuse. Comme tout le monde, quoi.  Mais plus.
Disons que je suis très joyeuse, très sociable et très chaleureuse. 
- Parfois je suis tellement contente que je suis très très excitée. Du coup je sautille, je tape dans mes mains comme une petite fille en disant "oooh je suis contente je suis contente", et j'ai des crampes dans les joues.
- Parfois je suis tellement sociable que je 1) parle à tout le monde, 2) drague tout le monde (soyons honnête). Tout le monde. Les hommes, les filles, les chats, les cafetières. J'aime tout le monde et je veux que tout le monde m'aime. Je souris beaucoup. J'ai des crampes dans les joues.
Je fais mon plus beau sourire aux gens en leur disant que "oooh je suis drôlement contente de te connaître t'es sympa dis-donc". (Bref, je suis une débile mentale).
- Parfois je suis tellement chaleureuse que j'en deviens indécente (soyons honnête bis). Mais comme je ne sors pas avec les inconnus, je fais des câlins à mes amis. Ils ne m'en tiennent pas rigueur : ils ont l'habitude. Quand je suis contente - comprendre pompette -, je dis à mes amis (garçons et filles) que je les aime et qu'ils sentent bon et qu'ils sont beaux et que je les aime et que je suis contente d'être leur amie et qu'ils ont la peau douce et que je les aime. Bref, je suis tendre, câline, et -potentiellement- super lourde. 

3) Je suis "soupe au lait".

Je me brouille très rarement avec les gens.
Je n'aime pas les conflits.
Je me mets rarement en colère.
Je m'énerve peu.
Je suis la douceur, la sagesse et la tolérance incarnées.
(En toute simplicité).

Sauf que. Parfois, je me fâche.
(Ces jours-là, souvent, je suis blonde avec une robe en lamé argent).
Et là, j'entre dans des rages folles.
Des colères noires.

(Même que ça me donne des palpitations et qu'après ça m'a fait tellement d'émotions que - je vous le donne en mille - je pleure).

Gentleman Joe - jeune dandy de bonne famille affable et bien élevé, exemple de savoir vivre qui n'a jamais fait de mal à une mouche - était capable d'exploser un grille pain sauvagement sur le plan de travail de la cuisine en hurlant si celui-ci refusait de marcher pendant plus d'une minute.
Gentleman Joe ne s'énervait jamais contre personne. Par contre, il pouvait malmener les objets : 
- un jour, furieux que son imprimante ait planté (agaçant, avouez), il a flingué son ordinateur portable, qui se trouvait juste à côté, en donnant un grand coup rageur dessus. (Un réflexe fâcheux).
- un autre jour, il a brisé le couvercle de la chasse d'eau en mille morceaux (contre-productif mais tellement satisfaisant) parce qu'il n'arrivait pas à la réparer et que ça l'énervait.
Ses crises de colère, rapides et excessives, me faisaient rire.

Je suis un peu comme lui.
Ainsi, j'ai parfois envie de voir mourir dans d''atroces souffrances (infligées par moi) :
- les gens de chez SFR
- les gens qui me parlent mal à la poste, dans le métro, à la caisse des magasins. (Le mec de chez Franprix ne paie rien pour attendre).
- les parents d'élèves qui me disent que c'est inadmissible que j'aie mis un zéro à leur fils tout ça parce qu'il n'avait pas rendu son devoir et que si je persiste dans cette attitude ça va être difficile de demander à leurs enfants de respecter le corps enseignant.
- les vendeurs qui refusent de me remplacer cet article contre le même dans une autre taille parce que je l'ai acheté il y a un mois et deux heures et que c'est trop tard.
- les gens de chez SFR.
- les lourdingues qui viennent me draguer dans le métro, m'empêchent de lire ou d'écouter ma musique peinarde, et me tutoient pour me demander comment je m'appelle et où j'habite et si j'ai un mec (non mais de quoi je me mêle putain de merde fous-moi la paix tête de noeud va mourir #%@&!) (Je reste cependant d'ordinaire très polie. Il m'est arrivé de demander très courtoisement à l'homme assis en face de moi, qui me dévisageait d'un air libidineux, s'il pourrait avoir l'obligeance d'arrêter de me regarder aussi fixement s'il vous plaît merci. Très efficace. Il a arrêté).
- les gens de chez SFR

Il m'est aussi arrivé de :
1) Balancer des livres, des chaussures, des cassettes vidéo et tout ce qui me tombait sous la main à la gueule de mon mec (mais c'était à l'époque des cassettes vidéos et il m'avait vraiment énervée non mais)
2) Balancer mon verre à la gueule de mon oncle en le traitant de pauvre connard pathétique qui devrait avoir honte quand il se regarde dans une glace, avant qu'il ne tente de me jeter dans la piscine (la sienne) pour me calmer. (Mais c'est une autre histoire).

Quand j'étais avec Gentleman Joe, il me prenait doucement par la taille pour m'empêcher de hurler sur la fille qui venait de mal me parler à la caisse du Monoprix. 
Ou alors il me prenait le téléphone des mains pour régler les trucs administratifs, histoire de s'assurer que je ne fasse pas de crise d'épilepsie de rage là tout de suite sur le tapis. 
C'était plus sûr que ça soit lui qui gère.
(Au pire, si ça dégénérait, il pétait le téléphone).


Bref, je suis émotive.

Mais sinon je vais bien, hein. Merci de vous en inquiéter, mais je vous jure que je suis un exemple de stabilité et de quiétude. Si si je vous jure. 

Sur ces bonnes paroles, je m'en vais mâchouiller mes cheveux nerveusement en marmonnant, sans m'en rendre compte, des trucs incohérents. Bonne journée à tous.


jeudi 22 mars 2012

Me, myself and I



       Il y a un an et demi, j'ai été voir Blogueuse, une pièce adaptée de Girls and Geeks qui se jouait dans un petit théâtre aux Abbesses. C'était très rigolo.
       Dans une des scènes, Titiou relate une conversation qu'elle a eu un jour avec un ami à propos de son blog : "Je suis vraiment content pour toi, Titiou, ça fait plaisir de voir que tu as enfin trouvé un boulot qui te permette de faire ce que tu aimes vraiment : raconter ta vie" ! (Ca m'avait fait beaucoup rire).
       Eh ben moi aussi, force est de constater que j'aime raconter ma vie.
       L'autre jour, un lecteur m'a dit "Je ne suis pas un fan du concept BLOG mais..." (Oui, Jo-Tout-Court, c'est de toi que je parle, tu es passé de l'autre côté du miroir, c'est un peu comme dans La Rose Pourpre du Caire. Est-ce que tu te sens comme un mec qui sortirait d'un paquet cadeau à Noël dans Le Truman Show ?) 
       (Sache par ailleurs que j'ai lu : "Je ne suis pas un fan du concept blog et je tiens par ailleurs à t'informer que je ne porte pas de culotte") (Si vous ne comprenez pas la blague il faut (re)lire Les Textos auront ma peau) (Oui, je m'autocite. Je suis un monstre de narcissisme. En même temps je tiens un blog, vous vous attendiez à quoi ?) (Enfin y a aussi que je fais de la récupération de blague, faute d'en trouver de nouvelles, mais c'est un autre problème).
      
       Bref, j'ai un blog où je raconte ma vie. 
       Pour tout dire je ne sais pas encore très bien quoi en penser moi-même.

       Parfois c'est un peu flippant. Depuis que j'ai commenté deux posts de Titiou Lecocq, mon blog est lu à peu près cinquante fois par jour par des lecteurs de Girls and Geeks. (Je le sais, mon site me donne l'info. Je sais donc aussi qu'un mec est tombé sur mon site un jour en tapant "Petit garçon sexy filis" sur Google... What the fuck??!!). 
       Il y a de plus en plus de gens qui ont accès à mon blog, donc, et par moments je me sens un tout petit peu envahie dans mon intimité quand-même, à l'idée que tous ces gens puissent me lire. Parce que je raconte quand même des trucs assez personnels. J'en suis à mes débuts, et peut-être que je ne gère pas encore très bien ce que je peux me permettre de dire ou non. Parfois je me sens trop exposée et j'ai envie de tout arrêter, de tout effacer, de redevenir anonyme. (Eh oui, que voulez-vous, toute cette folle célébrité me pèse !).

       Il y a des "mais", donc, mais il y a une chose dont je suis sûre : c'est que j'adore écrire ce blog. 
   Je suis donc officiellement une sale exhibitionniste autocentrée. Un peu comme Scarlett Johansson. (En plus je me compare à Scarlett Johansson. Oui. Mon narcissisme n'a pas de limite !).


       Pour être honnête, j'ignorais ce qu'était un blog il y a encore deux ans. 
       Le mot "blog" lui-même m'était inconnu. 
       Pour moi, internet se limitait à Facebook, Yahoo, Google, Deezer et Youtube. En gros.  
       Puis j'ai découvert Girls and Geeks. Grâce à Monsieur W. Merci Monsieur W.
      Et je me suis rendu compte qu'internet regorgeait de blogs en tous genres. Des blogs où les gens racontent leur vie, ou bien s'improvisent critiques de cinéma, de musique, de mode.
       J'ai trouvé ça chouette. Ca m'a fait envie. 

       Chers lecteurs, sachez que j'ai toujours voulu écrire. Quand j'étais petite, je voulais être écrivain. A l'adolescence, j'ai même écrit pas mal de trucs. Malheureusement, je me suis arrêtée pour toujours sur les coups de seize ans, car la triste vérité venait de me frapper de plein fouet. J'avais désormais lu suffisamment de livres pour me rendre à l'évidence : je n'étais et ne serais jamais ni Simone de Beauvoir, ni Françoise Sagan (mes idoles de l'époque). 
       Mon égo ne s'en est jamais remis. Et je n'avais plus jamais écrit, de peur de me trouver nulle. 
      Pourtant ça m'a toujours manqué. (Ca y est, séquence émotion, je recommence à raconter ma vie. Mon enfance, en plus. Non mais je vous demande un peu ! Aucune pudeur, cette fille).
       Depuis des années, mes amis me disent que je devrais arrêter de me censurer, me lâcher, me lancer, écrire un truc, et tant pis si c'est nul, tu le fais pour toi ! Alors j'ai commencé à écrire ce blog, un soir. Ce soir-là, c'était soit hurler mon désarroi sur la toile, soit envoyer un long mail à Astro pour lui dire tout ce que je pensais de notre "relation". Il fallait que j'emmerde quelqu'un avec mes pensées, quoi. (C'est tombé sur vous. Je suis navrée !)
       Ce blog ne prétend pas être autre chose que ce qu'il est, hein. Je ne suis pas là pour remporter le Goncourt et je n'oblige personne à me lire. Ce qui compte c'est que pour l'instant je prends un plaisir immense à écrire tous ces petits "articles" avec photos, dessins et chansons à l'appui. Et puis je n'ai encore reçu aucun commentaire qui me casse dans mon élan et me donne envie d'arrêter. Donc tant mieux. On verra pour la suite.

        Sur ce, comme je suis une sale exhibitionniste et que je n'ai pas de pudeur et pas de limites, je vais vous montrer mes nichons :


Ah, internet, cet univers merveilleux où je peux faire croire que ces seins sont les miens !

Petite aparté rajoutée après coup : 
Il ne s'agit évidemment pas de mes seins. Je le dis pour les lecteurs qui se fourvoient. C'était une blague. Je dis que je n'ai aucune pudeur vu que je raconte ma vie sur internet, et que je n'ai tellement aucune pudeur que tiens, soyons fous, je vais montrer mes nichons, sauf qu'à la place je publie un nu de Willy Ronis trouvé sur Google image. Une petite blague pour montrer qu'en fait je ne révèle rien, donc. Que ce que je suis prête à révéler sur moi-même a des limites. Tout le monde se calme, donc. Mon but n'est pas de faire fantasmer qui que ce soit. La fille en haut n'est évidemment pas moi non plus, à ce propos. (Par contre - pourquoi tenter de le cacher plus longtemps : je suis bel et bien Scarlett Johansson. Oui.) (Huhu).


lundi 19 mars 2012

On est responsable de ceux qu'on apprivoise


       Je vous ai déjà parlé de Lady V. Mon amie gourgandine qui s'envoie en l'air autant qu'elle peut. 
       Eh bien figurez-vous que Lady V, en plus d'avoir un cul très actif, a un coeur.
      Et Lady V souffre ces jours-ci de ce que son dernier amant en date (que je propose de baptiser Sale Goujat Va Pourrir en Enfer) lui a fait le coup désagréable qu'on nous a déjà fait à toutes, j'ai nommé le coup de "Je suis là, et puis pfiou, tour de magie, je disparais !".
       Il a disparu, donc. Comme ça. Sans explication. Alors que tout allait bien.

      Ils se connaissaient depuis peu, ne s'étaient vus que cinq fois, mais ça s'annonçait bien, ils s'entendaient bien, c'était assez prometteur, Lady V était contente. (Je soupçonne Lady V de chercher un tout petit peu l'amour quand-même, juste un peu, mais chut, faut pas le dire).
       L'autre soir, Sale Goujat l'a invitée à une soirée dans un club (à l'époque il s'appelait Stéphane). Il était censé dormir chez elle après. Elle avait d'ailleurs déjà acheté le champagne, et préparé de la pâte à crêpe, des oeufs, du bacon et du pain frais pour le lendemain matin (du coup c'est moi qui en ai profité, merci tête de con (son deuxième prénom), je te revaudrai ça). 
       Ils sont allés danser, donc, et tout allait bien. Sauf que, sur les coups de cinq heures du matin, épuisée et désireuse de rentrer se mettre au lit, Lady V a dit "On y va ?", question somme toute assez simple et inoffensive. Et pourtant. Tout à coup, cataclysme, rupture dans le continuum espace temps, tout a changé, et bam, Sale Goujat s'est mis à fuir son regard et à bafouiller que "Ben non je vais prendre le premier train, là. Je rentre chez moi, je me fais livrer une machine à laver demain. Tu rentres comment ? A pied ? Bon ben rentre bien alors. Salut". 
     Lady V s'est décomposée. Non mais what ? Non mais tu me fais quoi là ? Pourquoi tu m'as invitée, alors ? Pourquoi tu m'as dit que tu voulais du champagne quand je t'ai demandé ce que j'achetais à boire ? C'est quoi le problème ? Tu rentres baiser quelqu'un d'autre, c'est ça ?!
     Lady V a pensé tout ça très fort, mais ne l'a pas dit. Elle a fait comprendre qu'elle était vexée, qu'elle ne comprenait pas, mais elle est partie assez vite, dignement, sans gueuler. 
    Le lendemain, elle lui a envoyé un message pour lui faire savoir qu'elle était "Un peu fâchée". ("Un peu fâchée" plutôt que "Va te cacher pour mourir fils de pute" car la femme tente toujours de limiter ses reproches dans l'espoir que l'homme, au lieu de fuir, lui fera l'honneur de, qui sait, s'excuser. La femme est gourde et mal renseignée).
      Il n'a évidemment rien répondu. Jamais. Plus jamais.
     Sale Goujat a donc simplement éjecté Lady V de sa vie sans prévenir, sans s'expliquer, sans rien. Lady V ne comprend pas. Elle est en colère, mais surtout, surtout, elle est blessée et humiliée. Désespérée, aussi, comme chacune d'entre nous dans cette situation, car il est insupportable de ne pas comprendre, d'être traitée du jour au lendemain comme une étrangère par un homme avec qui on pensait avoir développé une certaine intimité.
    ("Mais vous n'étiez même pas ensemble depuis un mois !", lui diraient certains hommes. Messieurs, sachez que ça ne change absolument rien).


     Pourquoi les hommes sont-ils à ce point incapables de dire les choses ?
    (C'est pourtant pas difficile, de dire "Casse-toi connasse tu me fatigues !", si ?) (ou bien de dire -variante- (souvenez-vous) "Tu es une chouette fille : jolie, intelligente, marrante. J'ai aimé les moments qu'on a passé ensemble").
     On passe pour des hystériques, mais c'est vrai qu'il y a de quoi devenir folle. 
     C'est odieux de faire ça. De partir sans explication. De refuser d'en donner. De faire le mort. 
     C'est insultant. C'est cruel. Qu'est ce qu'elle a fait pour mériter ça ?

     Je connais tellement de filles à qui c'est arrivé. A commencer par moi.

     Quand j'avais vingt ans, je suis sortie avec un certain Stéphane. (Encore un. Peut-être devrais-je user de cette belle figure de style appelée l'antonomase et dire désormais "un Stéphane").
     J'étais avec Stéphane depuis deux mois. Je connaissais tous ses amis. Il m'avait donné les clefs de son appartement. Il m'avait acheté une brosse à dents pour chez lui. Il ne m'avait pas encore dit "Je t'aime" mais je me souviens qu'à un dîner, il avait montré à tout le monde qu'il lui suffisait de dire "Amour" à voix haute devant l'écran de son téléphone pour que ce dernier compose automatiquement mon numéro (uber corny - je sais). Bref, tout allait bien.
   Et puis, un week-end, Stéphane est parti "à la campagne chez son cousin". Le lundi soir, j'avais rendez-vous dans un bar avec lui et ses amis. Ses amis sont venus. Pas lui. Il n'a pas répondu au téléphone de la soirée. Ni les jours suivants. Ses amis ne comprenaient pas. Il ne répondait pas à leurs appels non plus.
     J'hésitais entre la colère et l'inquiétude. J'ai fini par aller chez lui. Une fois sur le palier, je l'ai entendu à l'intérieur. Il regardait la télé et faisait cuire quelque chose qui grésillait dans la cuisine. J'ai sonné. Il a éteint la télé, arrêté le feu sous la poêle, retenu son souffle, pas ouvert la porte. J'ai re-sonné. "Stéphane, je sais que t'es là, ouvre !". Rien. J'ai essayé d'ouvrir avec mes clefs. Il avait mis les siennes de l'autre côté. Je suis restée là un certain temps à lui demander d'ouvrir la porte et de venir me parler en face. J'ai fini en pleurs sur le palier à hurler en donnant des coups de pied dans la porte avant de partir, détruite, en déposant mes clefs dans sa boîte aux lettres.
     J'ai appris plus tard qu'il s'était remis avec son ex. Qu'il n'avait pas eu le courage de me le dire. D'ouvrir la porte. De m'affronter. Peut-être qu'elle était dans l'appartement avec lui. Peu importe. La fille je m'en fous. Ca n'est pas le problème.
     C'est juste qu'on ne fait pas ça aux gens, c'est tout. On parle. On s'explique. On s'excuse. On prend ses responsabilités.

     Dans ces cas-là, nombre de filles gardent le silence. Il ne rappelle pas ? Très bien. Grand bien lui fasse. Je ne vais pas m'abaisser à lui courir après. J'ai ma dignité. Je ne dirai rien. Je ne veux pas passer pour une hystérique. Je suis au dessus de ça. 
    Je fonctionne différemment. Si je suis blessée, je le dis. Je gueule. Je demande des explications. Je fais savoir que j'ai mal et que je ne suis pas d'accord. Je pense qu'il n'y a pas de honte à avoir mal. Et je pense que ce n'est pas une preuve de dignité de se laisser jeter comme une vieille chaussette sans rien dire. Je ne suis pas "au dessus de ça" et j'assume. De ce fait, je suis ce qu'on appelle communément une hystérique. 


     Quand j'ai écrit à Astro qu'il ne pouvait pas être aussi démonstratif et affectueux avec une fille puis arrêter de l'appeler du jour au lendemain sans s'expliquer, il m'a dit qu'il n'avait pas à s'excuser de s'être comporté comme il l'avait fait, qu'il n'avait pas à avoir tel ou tel comportement, qu'il ne lui incombait pas de me protéger, que c'était à moi de le faire.
     Je ne suis pas d'accord. Dans une histoire, même une petite histoire, on est toujours deux. Il faut faire attention à l'autre. Si tu ne le fais pas par amour, tu le fais par gentillesse, par respect.
      "On est responsable de ceux qu'on apprivoise", dit le renard au Petit Prince.
      C'est désagréable de quitter quelqu'un, mais tu le fais. Et tu le fais correctement. Merci. 
      Il n'y a rien de plus insultant que de disparaître sans rien dire.

      J'ai un père très remonté contre les femmes qui disent que "les hommes sont des lâches".     
     Dernièrement, il a pourtant quitté par texto, la veille de leur départ en vacances, une femme avec qui il était depuis des mois. ("Qu'est ce que ça aurait changé que je le lui dise en face ?!" était son argument). Probablement dévastée, mais drapée dans sa fierté, elle n'a jamais répondu. Il aurait pourtant mérité qu'elle gueule.

    Je ne ferai aucune généralité. Je ne dirai pas "Les hommes sont des lâches". Certes non.
    Je ne le pense pas.
    N'empêche que. Les mecs. Sérieux. Faites un effort. 



     

Je ne vis pas avec mon temps



     Il y a trois ans, mon amie La Comtesse a couché avec mon cousin Mojo. Le lendemain matin, elle était très éprise. Lui, de son côté, racontait à qui voulait l'entendre qu'elle était bonne mais qu'elle n'avait pas inventé l'eau chaude. (Mes cousins sont des garçons charmants) (Enfin je dis ça mais je suis une sale langue de vipère : j'adore mes cousins).
     La Comtesse était cependant lucide : "Il en a rien à foutre. Au début j'hésitais un peu, j'étais pas sûre de vouloir coucher avec lui, et tu sais ce qu'il m'a dit ?! Il m'a dit "Oh, tu sais, tout le monde en fait tout un plat, mais le sexe ça n'est jamais qu'un moment agréable entre deux personnes qui s'apprécient". La Comtesse savait donc à quoi s'en tenir. Il l'"appréciait". Il voulait passer un bon moment. Point. No big deal, ma poule, ne t'excite pas !

     Tout autour de nous, les gens baisent gaiement entre eux sans y accorder d'importance. Ils baisent comme on va au cinéma. Personne n'aime personne, personne n'attend rien de personne, personne ne souffre, tout va bien. (Enfin si, parfois, dans le tas, il y a des filles qui souffrent. Mais en silence. Plutôt mourir que d'admettre qu'on est - honte suprême - une midinette).


Les gens se consomment les uns les autres, sans amour, sans passion. Ca leur convient.
Parfois j'aimerais être comme eux.
(Je morflerais moins, et je baiserais plus. Ce qui serait appréciable).

Exemples :

1) Don Valdes et les autres.
     Mon premier exemple sera Don Valdes. Don Valdes est en effet un queutard fini qui raconte à qui veut l'entendre que lui et ses amis baisent "à couilles rabattues" (c'est chic). Don Valdes a actuellement une copine officielle, cela-dit, mais elle vit à l'étranger et est certainement cocue jusqu'au cou. Don Valdes fait partie de ces gens incapables d'être fidèles. Trop de tentations.
     Le nombre de mecs en couple qui me draguent est effectivement absolument terrifiant. Exemples :
- L'autre soir, à une soirée, un garçon dont la copine était absente m'a demandé mon numéro de téléphone en ces termes : "Tu me donnes ton numéro ? Tu me laisses deux semaines, je t'appelle et on se fait une soirée ?" (?!) (Voilà un homme qui sait parler aux femmes).
- A une autre soirée, un autre garçon m'a dit au beau milieu d'une conversation que c'était bien dommage que sa copine soit là parce qu'il m'aurait bien prise là maintenant tout de suite contre le mur. (J'éveille chez les hommes une certaine propension à la romance).

2) Bomba Brains.
     Mon amie Bomba Brains (alias Brainy Boobs) vit avec un homme plus âgé depuis plusieurs années mais a un certain nombre de "mignons" (son expression), qu'elle n'envisage que comme de beaux objets : des "bonbons", dit-elle, que tu dégustes avant d'en jeter le papier.
      Elle couche aussi avec un certain nombre de ses amis.
     Elle couche entre autres avec Julien. L'autre jour, comme je le racontais, Bomba Brains, Julien et moi avons dormi chez Olivier après sa soirée. Ce jour-là, la présence de Julien n'a pas empêchée Bomba Brains de 1) refiler son numéro à un autre pendant la soirée 2) parler de ses autres amants au petit déjeuner. Julien n'a pas eu l'air de le prendre mal.
    Bomba Brains couche aussi avec Jacques. Il y a quelque temps, à une soirée où Jacques (qui était par ailleurs accompagné) me draguait, elle m'a vivement encouragée à céder à ses avances. Je lui ai répondu que j'avais un mec (j'étais alors avec La Bête, qui dansait d'ailleurs non loin de nous) et que je n'avais aucune intention de coucher avec qui que ce soit d'autre. "Tu as tort, m'a t-elle dit, Jacques est un très bon coup ! Il est très en forme en ce moment. Enfin en tout cas il l'était avant hier !" (Elle m'invitait donc à coucher avec un mec avec qui elle avait elle-même baisé à peine quarante-huit heures avant. Hum).

3) Lady V         
     Mon amie Lady V a pour sa part récemment brisé le coeur d'un garçon en lui disant qu'elle aimait beaucoup le voir mais qu'elle ne pouvait en aucun cas arrêter de coucher avec d'autres gens, qu'elle aimait beaucoup trop coucher avec les garçons pour être monogame. La fidélité, l'amour, très peu pour elle. Lady V multiplie simplement les histoires de cul, surtout avec des vieux d'ailleurs, parce qu'ils sont, paraît-il, plus performants et plus vicelards.
      Après avoir lu Martine et le Kama Sutra, Lady V a eu deux réflexions :  1) Si un jour tu parles de moi dans ton blog, je veux que tu m'appelles La Squale, 2) Tu as tort d'avoir refusé ce plan à trois avec deux mecs, tu sais pas ce que tu perds, surtout que c'est rare : c'est facile de trouver un mec pour faire ça avec deux filles, mais deux mecs rien que pour toi, c'est pas tous les jours !
     Un jour, Lady V avait rendez-vous avec un de ses amants alors qu'elle ne pouvait techniquement pas coucher avec lui le soir-même. Elle était contrariée : "On va pas pouvoir baiser, il veut qu'on sorte, il va falloir que je lui fasse la conversation, j'aime pas, ça m'angoisse", se plaignait-elle. Pour la faire rire, je lui ai dit : "Vous n'avez qu'à rester chez toi, vous installer dans les bras l'un de l'autre sur ton lit, regarder un film en vous tenant la main, puis vous raconter votre enfance". Elle m'a souri : "Bayane, s'il te plaît, arrête de dire des obscénités".

Pour les autres, donc, le sexe est anodin. Le sexe n'engage à rien. Le sexe n'est jamais qu'"un moment agréable passé entre deux personnes qui s'apprécient".
Bref, je suis mal intégrée à ma génération. (A la société. Au monde).
Je ne vis pas avec mon temps.

1) Je ne couche pas avec les gens facilement.
En effet, s'il m'arrive de passer la nuit avec un garçon à peine après l'avoir rencontré, il est rare que j'arrive réellement à coucher avec lui le soir-même. Ce n'est pas du tout une question de principe, c'est juste que je suis une petite chose fragile et old school (une emmerdeuse, quoi) et que pour coucher avec quelqu'un, j'ai besoin de le connaître un peu (j'ai besoin de 24 heures , quoi ! - inutile de me présenter votre mère - non non vraiment j'insiste, ça ne sera pas nécessaire).
Je choisis d'ailleurs ce moment pour officiellement présenter mes excuses à tous ces malheureux qui m'ont un jour suivie chez moi dans l'espoir de s'envoyer sauvagement en l'air et qui ont finalement dû se la mettre derrière l'oreille. (Messieurs, pardon. Je suis désolée. Vraiment). (En même temps les mecs si vous vous êtes barrés avant la fin du film, c'est pas non plus de ma faute).
Le premier soir, quand, à poil dans mon lit, Astro a compris qu'on ne coucherait pas ensemble, il m'a demandé dans quel siècle je vivais. Olive, confronté à la même situation, m'a regardée d'un air perplexe avant de me dire que j'étais une extra-terrestre.
Quand j'ai raconté ma première nuit avec Astro à mon copain J, je me suis fait engueuler : "Ah non, c'est dégueulasse, ça, Bayane ! Tu peux pas faire ça ! Tu sais la souffrance que c'est pour un mec ? Non non non, il y a des règles dans la vie : Tu Touches, Tu Couches !!" (Ca m'a fait beaucoup rire).
(C'est une vraie torture pour les hommes, c'est clair. D'ailleurs c'est connu : ils ont plein de nanas comme moi pour tripoter les détenus à Guantanamo). 

2) Je le fais toujours dans une perspective amoureuse.
Mais ça je l'ai déjà dit. Amour amour je t'aime tant, tout ça. Vous avez compris, quoi. Passons.

3) Je suis d'une fidélité hors pair.
Le jour où j'ai dit à Monsieur W que je n'avais pas trompé Gentleman Joe une seule fois en six ans, il m'a dit que j'étais une sainte. 
Le jour où j'ai dit à Mister F, avant de tromper Sigmund avec lui, que je n'avais jamais trompé personne, il m'a dit qu'il aimerait pouvoir en dire autant.
... (petit instant de méditation... c'est bon ? Reprenons). 
Il m'est arrivé de coucher avec un garçon alors que j'étais en couple avec un autre, mais j'ai toujours immanquablement quitté le premier pour le second juste après.
En effet, puisque je n'envisage le sexe que dans une perspective amoureuse, pour moi tout acte sexuel marque automatiquement le début d'une histoire d'amour et signe de ce fait la fin de la précédente. C'est assez simple, en fait.
Je n'ai donc jamais trompé Gentleman Joe.
Enfin si. Presque. Une fois. Il y a six ans. Avec Sugar Daddy.
Sugar Daddy est un américain que j'ai rencontré un été à Los Angeles.
Il faisait bon, il faisait beau, il sentait bon le sable chaud. 
J'aurais pu vivre une courte aventure torride et la laisser ensuite derrière moi pour toujours.
Sauf que je suis moi. (Croyez-moi, c'est assez handicapant dans la vie de tous les jours).
Je n'ai donc pas "vraiment" couché avec Sugar Daddy (désolée, mec). Pour ne pas tromper Gentleman Joe (qui, j'en suis sûre, aurait été extrêmement touché par mon sacrifice : "mais mon amour, je te le jure, il n'y a pas eu pénétration !" - ça vous irait droit au coeur, à vous, non ?).
Tout ça pour dire que, futur homme de ma vie, si tu lis ces lignes, ne t'inquiète pas, tu ne seras jamais cocu sans le savoir : si jamais je couche un jour avec quelqu'un d'autre, tu le sauras car je te quitterai tout de suite après. (N'est-ce pas que ça rassure ?). 


Bref, je suis "différente".
N'empêche que.
Je passerais bien un moment agréable avec une personne que j'apprécie, moi aussi.
         


Toujours. Jamais.

Pourquoi ?
(la chanson commence à la dixième minute)


J'ai cette chanson dans la tête depuis deux jours.
J'ai décidé de vous en faire profiter.
Michel Legrand, tu es grand.
(Rime pauvre. Oui. Je sais)

dimanche 11 mars 2012

Les textos auront ma peau


"Le SMS est le nouveau mode de communication à la mode. Tout le monde s'envoie des textos par écrit sur les téléphones portables. On revient au télégramme, à la littérature épistolaire, aux liaisons dangereuses. 
Exemple :
Je m'ennuie de toi.
Tes mains me manquent.
Mes lèvres explorent ton corps.
Ich liebe dich.
Je mouille pour toi.
J'ai l'âge que tu veux, le prénom que tu veux.
Si on allait au Couine ?
Bon, d'accord, c'est pas encore Choderlos de Laclos mais on en prend doucement le chemin. La rapidité et la discrétion de ces petits messages poussent à exagérer ses sentiments, ses désirs". (L'Egoïste Romantique, Frédéric Begbeder). (Encore). (Je suis en train de le lire, vous l'aurez compris). (C'est pas terrible d'ailleurs).

    Je pense qu'il est temps d'inventer une application qui, à partir d'une certaine heure, oblige les gens à souffler dans leur téléphone avant de les autoriser à envoyer des textos. Ca éviterait un certain nombre de déconvenues.
    En effet, en bonne sentimentale, j'ai l'alcool lyrique et affectueux. Du coup, la nuit, en soirée, après quelques verres, quand je danse et ris entourée de mes amis, d'amour et de bouteilles vides, et que je me sens euphorique, heureuse, et invincible, je suis généralement saisie d'une envie irrépressible de déclarer mon amour à la Terre entière, à mes amis en général, et à Mister F en particulier. Attention, dérapage à deux heures. 
    Hier soir, j'ai donc envoyé des textos à bon nombre de gens. Parmi eux se trouvaient Antoine, Gentleman Joe et Mister F. (Gloups et re-gloups). 
    Les seules personnes à m'avoir répondu sont Olive et Johnny Blue Eyes, c'est-à-dire les garçons avec qui je n'ai pas couché (ou presque pas) (enfin avec qui j'ai seulement presque couché) (mes amis, quoi). 
    Je tiens cependant à préciser pour ma défense que mes messages n'appelaient pas de réponse. Ce n'était ni des sextos ni des "Tu fais quoi là maintenant tout de suite ?", ce qui revient un peu au même en moins cash. (Mauvais calcul, d'ailleurs. J'aurais sûrement eu plus de réactions).
    La midinette est en effet tristement peu versée dans l'art du sexto. (La nuit où, en réponse à un de ses SMS, Mister F lui a écrit "Thinking of your nakedness works on my imagination. But now what?", la midinette s'est en effet sentie bien bête. Euh... Bonne question. "Now you wait for me. I'll be here in a week" a t-elle simplement répondu. On ne peut tout de même pas faire l'amour par écrit, si ?).
    Bref, la midinette a le flirt soft et sobre et le booty call subtil et distingué.
    La midinette est plutôt du genre à envoyer des petites blagues flirtatious, des messages mignons, des mots tendres, des déclarations d'amour ou de simples "Bonne nuit". (Antoine a eu la blague flirtatious, Gentleman Joe les mots tendres, Mister F le "Bonne nuit").
    Ne vous méprenez surtout pas : la seule raison pour laquelle je n'ai pas écrit à Astro est que je lui avais déjà écrit la veille. Il a eu le "Je pense à toi. J'espère que tu vas bien. Je t'embrasse" (en gros). Il m'a répondu, d'ailleurs. Qu'il allait bien, merci pour le gentil message, bisous. (Me voilà bien avancée, tiens). J'en déduis que la tendresse solennelle de mon message s'est perdue quelque part dans le cosmos entre Paris et Bruxelles. Parce que là, j'aurais aussi bien pu lui écrire "Hey dude what's up?". Peut-être aurais-je dû ajouter des points de suspension : il paraît que les points de suspension donnent une dimension érotique à tout ("J'espère que tu vas bien..." signifierait donc "J'espère que tu vas bien, et je tiens par ailleurs à t'informer que je ne porte pas de culotte"). (Mais personnellement je trouve surtout les points de suspension d'une lourdeur sans nom. Du coup j'évite).
    Je suis donc une fille qui envoie des messages mignons.
    (Le petit message mignon n'est pas glam', je sais. Don Valdes m'a dit un jour qu'envoyer un "Je pense à toi" à un homme équivalait à se tirer une balle dans le pied. Il a d'ailleurs une fâcheuse tendance à insister pour réécrire les textos que notre petit cousin tente d'envoyer à des filles en soirée : il modifie les originaux, qui sont souvent d'une sincérité désarmante ("J'ai envie de te voir"), qu'il remplace par des messages froids et mystérieux, voire pas de message du tout. Il apprend à notre petit cousin à devenir un homme à femmes. Don Valdes serait-il le diable ?).
    D'ailleurs il faudrait qu'on m'explique pourquoi dévoiler ses sentiments est considéré comme honteux. On peut dévoiler ses fantasmes sexuels les plus fous, mais ses sentiments, ah ça non, jamais. Quel monde étrange. Pourquoi "J'ai envie de toi" et "Je pense à ta bite" sont-ils plus acceptables que "Je pense à toi" ? (Surtout que l'un n'empêche pas l'autre. Bien au contraire). Force est de constater, cependant, que Mister F répondait beaucoup plus volontiers à mes messages lorsque j'y parlais de mes désirs et pas de mes sentiments. Peut-être devrais-je tempérer mes déclarations d'amour en y ajoutant des invitations à la bagatelle, histoire de les rendre plus socialement acceptables. "Je t'aime. On baise ?".
    Vous l'aurez compris, je déclare beaucoup mon amour. J'aime que les gens sachent qu'ils comptent pour moi. Et à ce propos je vous prierai, si vous le voulez bien, d'écouter Trintignant : la femme qui déclare son amour avec simplicité et franchise est d'une classe folle. Je suis une femme formidable.



    Bref, je suis restée à peu près digne. Quoique. Pour une totale transparence, je me dois d'avouer que je me suis pas mal pris les pieds dans le tapis (I'm goofy but cute) et que j'ai joué avec une vache en peluche qui faisait "meuh". Mais comme aucun de mes interlocuteurs virtuels ne pouvaient me voir, ça va. (Mon honneur est sauf. Vous êtes déçus, hein ?).
    (Les gens présents à la fête m'ont vue, eux, mais ils n'étaient pas en position de se moquer). (Que celui qui a toujours été digne en soirée paye la première tournée). 

    Je me suis beaucoup amusée, par ailleurs. Je n'ai pas rencontré l'homme de ma vie, mais je m'en fous. J'aime mes amis. Après une longue nuit à boire, danser, et filer mes collants contre le parquet, j'ai dormi sur des tatamis dans le salon avec Julien, Olivier et BB (Bomba Brains de son prénom). Au petit matin, on a fini le brownie, le saucisson et le houmous maison en buvant du thé et en parlant string, tanga, politique, orthographe, Grèce antique, pygmées, cul, bouffe et gym suédoise. C'était un petit déjeuner Ricorée entre amis comme on les aime (même si le saucisson était peu orthodoxe, je vous l'accorde). Je suis rentrée chez moi avec des yeux de panda (mon maquillage avait coulé) en ne marchant pas très droit sur mes bottes à talons, et j'ai croisé des marchands de bouquets de jonquilles et un mec avec une corne de licorne scotchée sur le front.
    J'aime ma vie.



samedi 10 mars 2012

Life is good vintage wine




          J'ai trente ans. Je suis désormais ce qu'on appelle communément une "adulte".
          Adulte : qui est parvenu au terme de sa croissance physique et intellectuelle.

Les preuves que je suis devenue grande :
  • Je préfère désormais les éclairs au café aux éclairs au chocolat. (Tout est là, non ?).
  • J'aime aussi les olives, les huîtres, et le roquefort. Je n'aime plus que le bon vin.
  • Je ne prends plus de plaisir à lire Biba ou Cosmopolitain, et ce depuis de nombreuses années déjà : je trouve ça bête. (Ca m'inquiète). (Et là vous allez me dire que ce que j'écris ressemble étrangement à du Cosmopolitain, pourtant. (Bande de rats). Hmm. Objection acceptée. Bien envoyé, même, j'ai envie de dire).
  • Je préfère regarder un bon documentaire à la télé plutôt qu'un mauvais téléfilm. (Qu'est-ce qui m'arrive ?).
  • Je regarde les infos à la télé, je lis le journal, j'écoute France Culture au petit déjeuner. (La fin est proche).
  • Je n'écoute plus que Jacques Brel, Nino Ferrer et Léo Ferré. (Non, je déconne). 
  • J'ai un appartement à moi avec un vrai bail et tout comme les grands, et dedans j'ai de vrais dossiers administratifs avec écrit "impôts" et "banque" et "sécu" dessus, comme les grands. (Qui que tu sois, sors de ce corps !).
  • J'ai un métier à moi avec un vrai salaire. (On est définitivement passés dans une autre dimension). (Et c'est une dimension où on a le sens de l'humour parce que :
  • Ce métier consiste à faire cours à des élèves pour qui je suis l'adulte en chef. (Mwahaha). Cela dit, quand j'ai dit à mes élèves que j'avais trente ans, ils m'ont tous dit qu'ils m'en donnaient beaucoup moins. Braves petits. Cela dit bis, ils ont aussi beaucoup insisté sur le fait que j'étais le sosie de Julia Roberts. Braves petits fayots, donc).
  • On continue à me dire que je suis charmante dans la rue ("Non mais attends je peux très bien me faire violer, y a plein de mecs qui m'emmerdent dans la rue, encore heureux !"), mais on ne "m'emmerde" plus vraiment. A part le mec occasionnel qui vient me dire dans le métro, sur les coups de 8h du matin, qu'il a une subite envie de me bouffer le cul, il est rare qu'on me drague autrement qu'avec une certaine courtoisie. Ce qui n'a pas toujours été le cas. (Et ça n'est en aucun cas parce que mon sex appeal a baissé en raison de mon grand âge, je suis encore méga bonnasse, qu'on se le dise). J'en déduis donc qu'à trente ans, on force un certain respect. D'ailleurs ça y est, les petits jeunes me vouvoient (Je viens de dire "les petits jeunes". Argh. La fin est proche, je vous dis). 
  • Mon âge se voit donc sur ma gueule. Mon boulot aussi, apparemment. L'autre jour, horreur, un lycéen m'a demandé, après m'avoir taxé une clope dans la rue, si je ne serais pas directrice d'école ou prof ou un truc dans le genre par hasard. Je me suis arrêtée net, horrifiée : "Pourquoi ?". Petit sourire. "Parce que ça se voit". Arf. Damnèd. (Je ne porte pourtant ni serre-tête, ni tailleur, ni collants couleur chair. Comment a t-il su ?).
  • J'ai une vie sexuelle active depuis déjà quinze ans. (Il y a deux ans, pendant les vacances d'été, un soir, en boîte, j'ai embrassé le meilleur ami de mon petit cousin, qui avait 17 ans. (Mes potes m'ont appelée Dalida, MILF et Mrs Robinson tout l'été). Quelques jours après j'ai fait un petit calcul et j'ai réalisé que la première fois que j'avais fait l'amour, il avait 4 ans. Ca m'a fait tout drôle).  
Les preuves que je suis vieille :
  • J'ai connu l'époque du minitel et des affiches 3615 CUM, époque où les Twix s'appelaient des Raiders et les Boules au Chocolat des Têtes de Nègres. J'ai connu Gros Quick (Personnellement. Oui). J'ai connu l'époque du Tatou. J'ai grandi dans un monde sans portable et sans facebook. Dans un monde où c'était la classe d'avoir des boucles d'oreilles Pac Man vert fluo, une salopette rose saumon à la Punky Brewster et des chouchous dépareillés dans les cheveux. (Comment ça, non ?!).
  • Je connais par coeur les génériques des dessins animés des années 80, et aussi les tubes de Dorothée, la Compagnie Créole et Zouk Machine. Je connais par coeur les dialogues de La Boum et de L'Histoire sans Fin. Je connais aussi les paroles de tous les tubes des années 90. Et comme je suis comme Cartman, quand je connais les paroles d'une chanson, je suis obligée de la chanter jusqu'au bout. C'est parfois dur à assumer. 
  • On reconnaît les vieux à ce qu'ils sont déjà nostalgiques de leur jeunesse, non ?

           J'ai donc bel et bien trente ans. Sauf que.
          Sauf que normalement, trente ans, c'est l'âge où on "construit". (La première fois qu'Astro a utilisé ce verbe de façon intransitive devant moi, j'ai surtout trouvé ça ridicule. Mais n'empêche que ça m'a marquée. Ce petit enfoiré - que j'aime - a réveillé mon horloge biologique en quelques jours seulement. Sale type).
          En effet, autour de moi, les gens "construisent". Mes amis construisent des carrières, des mariages et des salles de bains. Il arrive fort souvent, lorsque ce sont des filles, qu'elles construisent également dans leur ventre des petits êtres qui grandissent de jour en jour. Dans le cas où ils sont déjà nés, elles construisent un foyer, une famille, une histoire.
       Moi, je suis encore en train de me construire moi-même. Au mieux, je construis des meubles Conforama. Quand je joue au Cranium avec mes potes, des fois je construis des brosses à dent ou des autruches en pâte à modeler et je suis pas trop mauvaise. Mais sinon, je vois pas.
        Je me construis moi-même, donc. Surtout. Disons que depuis trois ans que je suis séparée de Gentleman Joe, je suis en chantier. Je me reconstruis. Je me construis seule. 
          D'ailleurs j'ai été très heureuse pendant longtemps de me consacrer à moi et rien qu'à moi. C'est merveilleux d'être libre de son emploi du temps, de ne prendre que soi et ses propres désirs en compte. Certes. Mais ça fait un certain temps que j'en profite. J'en ai marre d'être toute seule. J'ai envie d'être deux.
          Surtout que pendant ces trois dernières années je me suis construit une petite personne pas mal. Et c'est quand-même du gâchis que personne n'en profite au quotidien à part moi ! Enfin moi, je dis ça, c'est pour vous, hein... 

          Parfois donc, du haut de mes trente ans, j'ai les boules. Mais parfois, mes amis casés aussi.
       "Ludo est mon ami raisonnable (marié, une fille, une Renault Espace). Nous nous saoulons souvent ensemble : moi pour oublier que je n'ai pas d'enfant, lui pour oublier qu'il en a un." (L'Egoïste Romantique, Frédéric Begbeder)
        Tout ça pour dire que souvent, on voit l'herbe verte du voisin, mais pas la sienne. En effet, mes copines casées m'envient souvent ma liberté, ma vie sociale et mon indépendance de célibataire. Elles m'envient même parfois mes histoires d'amour foireuses, qui leur semblent le comble de l'excitation. Pour elles, le cauchemar éveillé qui me sert de vie amoureuse est une aventure palpitante.
         Certes, je voudrais me réveiller contre quelqu'un le matin et ronronner dans son cou, traîner au lit, faire l'amour encore et encore, prendre le petit déjeuner au soleil, pied nus et les cheveux ébouriffés, faire des projets pour la journée, pour le week-end, pour les vacances, prendre des trains qui partent et me réveiller dans une ville inconnue au petit matin avec une valise dans une main et la main de mon copain dans l'autre, mais bon. Ca va venir.
          En attendant, je vais profiter de ce que j'ai. Parce que le célibat, quand-même, c'est cool.
          Carpe diem, tout ça.
         


          Sur ces bonnes paroles, donc, je m'en vais de ce pas jouer aux Petits Malins en petite culotte devant  l'intégrale de Retour Vers le Futur avant de me préparer pour ma soirée de ce soir. Soirée où je parlerai avec qui je veux, danserai avec qui je veux, draguerai qui je veux, et que je quitterai quand je veux et avec qui je veux. (Ben oui, parce que ce soir, qui sait, je vais peut-être rencontrer le père de mes enfants. Oui, je sais, je suis désespérante).
        
         




lundi 5 mars 2012

He's just not that into you!



Nous sommes en mars. Ma dernière histoire en date, celle avec Astro, a commencé de façon extrêmement prometteuse avant de capoter méchamment en un temps record. Il est parti. Il vit désormais dans une autre ville. Nous ne sommes plus en contact.
Que s'est-il passé ? Et surtout, qu'est-ce que j'aurais pu faire pour que ça se termine mieux, voire, soyons fous, pour que ça ne se termine pas du tout ? Décortiquons, si vous le voulez-bien (je suis une midinette, j'ai une réputation à tenir), analysons ensemble, pendant de longs paragraphes interminables, chaque détail de cette brève relation, afin de, je vous préviens tout de suite, n'arriver à rien. Cet exercice est en effet complètement stérile, oui, mais aussi diablement cathartique.

Mais d'abord, parlons de MoMA. Oui je sais, à priori on ne voit pas le rapport, mais en fait si.
L'été dernier, ma copine MoMA sortait avec un certain Lours. Ils s'entendaient très bien, ils se plaisaient beaucoup, mais Lours était fuyant. Il appelait rarement. Il n'était pas extrêmement disponible. Il ne voulait vraisemblablement pas d'une histoire sérieuse. MoMA était en train de tomber amoureuse. Elle vivait ça très mal. Situation désagréable à laquelle nous avons toutes été confrontées un jour.
          
MoMA a parlé de sa situation avec Mister F.
« Non mais attends MoMA, ça fait à peine un mois que tu sors avec ce mec, il t'a pas appelée depuis quatre jours et tu te mets dans cet état là ??! ». Il n'en revenait pas.
Note pour plus tard : il serait normal pour l'homme d'être distant au bout d'un mois de relation. Astro m'a lui aussi fait remarquer qu'"On n'est même pas sortis ensemble un mois et...".
L'homme serait donc un handicapé des sentiments chez qui la sensation d'attachement met un certain temps à atteindre le cerveau, et le premier mois de relation une période durant laquelle la fille, qui se meurt déjà d'amour du matin au soir, doit gérer tant bien que mal l'indépendance farouche de l'être aimé.
Admettons. (J'ai envie de dire "Halte à la supercherie" mais passons). 
J'ai tendance à penser que, comme moi, les gens tombent amoureux immédiatement ou pas du tout. Certains specimen de la gente masculine m'ont cependant confirmé qu'il leur était arrivé de tomber amoureux de filles qu'ils n'envisageaient au départ que comme des plans cul occasionnels. D'ailleurs, comme le disait un jour Mister F, toute histoire commence généralement par du "casual sex". (Enfin ça c'est chez les gens normaux, hein. Les midinettes, elles, pensent que la levrette est avant tout un acte d'amour et d'osmose qui va sceller le destin de deux personnes réunies par la providence en un sublime moment d'intimité et de partage chargé de promesses et d'espoir).

Comment donc gérer intelligemment la distance originelle de l'être aimé afin qu'elle se change en amour ?
Moi j'ai testé la méthode "Pourquoi t'es distant qu'est-ce qui se passe qu'est-ce que tu attends de cette relation parlons-en" et sa variante "Bon ben selon toute vraisemblance t'en as juste rien à carrer donc si c'est comme ça moi je me casse, ciao, je m'en vais, je me taille, je pars, tu ne me reverras plus jamais... eh t'as entendu j'ai dit que je partais là, tu dis rien ?", et je vous préviens tout de suite, ça marche pas. (Enfin avec Astro ça a marché moyen). C'est passablement contre-productif, en plus d'être fortement humiliant.
Je ne suis en effet pas très douée pour faire la femme indépendante, jouer la carte du mystère et attiser le désir de l'autre. Pour ce qui est de "play hard to get", force est de constater que je suis la plus grande quiche que la terre ait jamais portée. 
D'abord parce que j'ai tendance à me dire que je ne veux pas jouer à ce genre de petits jeux, que je n'ai plus quinze ans, que je suis au dessus de ça, et que si un mec a besoin que je lui échappe pour s'intéresser à moi c'est que c'est un con. Et aussi, plus simplement, parce que je suis une grosse quiche.
Du coup je m'offre généralement sur un plateau (tadaaaah !). (Mais je t'aimeuuuh). Sauf que selon toute vraisemblance, ça ne marche pas comme ça. Je devrais donc brider ce qu'Astro a appelé ma "trop grande spontanéité".

Qu'en est-il de la méthode de MoMA?
MoMA se disait, comme beaucoup de filles dans ce genre de situation, qu'il fallait laisser Lours respirer. Ne pas faire comme moi, donc, et lui laisser du temps, ne pas lui mettre la pression, ne pas lui en demander trop, le laisser s'attacher à son rythme. Du coup elle ne se plaignait jamais de ses silences, et était toujours heureuse de le voir, acceptant ce qu'il voulait bien lui donner sans laisser entendre qu'elle espérait davantage.
Lours ne s'est malheureusement pas attaché avec le temps. (J'imagine que Lours en a surtout déduit que tout allait bien, que la situation convenait à MoMA, que c'était ce qu'elle voulait, qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes).
Ils ont fini par se séparer le jour où MoMA a dit qu'elle voulait davantage que ce qu'ils avaient. Puis, un peu plus tard, Lours a rencontré une fille avec qui il a tout de suite eu envie de vivre quelque chose de sérieux, et il est avec elle depuis. 
Lours n'était donc pas forcément un mec qui ne voulait pas s'engager – le fameux "je ne veux pas m'engager" sur lequel nous reviendrons -, il ne voulait juste pas s'engager avec MoMA. De même qu'Astro veut très fort se marier et avoir des enfants, mais pas avec moi (non non mais c'est pas grave pas de problème je le prends bien) (Enfoiré).
Avant de disparaître, Astro m'a en effet beaucoup dit et répété qu'il voulait se marier et avoir des enfants. (Mais ne nous égarons-pas, je n'étais évidemment pas censée me sentir concernée du tout, hein - c'est juste le genre de small talk de base que tout le monde a au petit déjeuner avec ses plans cul, non ?). Il parlait donc de ses rêves d'avenir à lui tout seul avec une femme hypothétique, celle dont il se dirait en la rencontrant qu'elle serait la mère de ses enfants (Tact masculin quand tu nous tient). Un jour où il disait encore qu'il voulait "construire" et fonder une famille, il s'est subitement tourné vers moi pour me demander si moi aussi je voulais "construire" : qui moi ? ah ça certainement pas, quelle question, moi je veux mourir vieille, seule, et dévorée par mes chats, tu penses bien !

Bref, ni ma méthode ni celle de MoMA n'ont marché. (Du coup on s'est réunies dans les pleurs et l'amertume pour traiter les hommes de sale race de mort et noyer notre chagrin dans la vodka).

Deux méthodes différentes. Deux échecs cuisants.
C'est ce qu'on appelle "a Catch 22 situation" :
On me dit qu'il faut être plus cool et ne pas en demander autant.
On dit à MoMA qu'il faut être moins cool et en demander plus.
Bref, c'est kafkaïen. On ne peut pas gagner.

Calamity a même trouvé le moyen de me dire que j'avais tout foiré avec Astro pour ces deux raisons à la fois : je n'aurais pas dû coucher avec lui aussi facilement si je ne voulais pas d'une simple histoire de cul et par conséquent je n'ai à m'en prendre qu'à moi-même s'il ne m'a pas pris au sérieux, mais en même temps c'était normal que ça ne soit que du cul au début, parce que c'est forcément comme ça que les histoires commencent, et Astro aurait parfaitement pu tomber amoureux de moi si seulement je ne l'avais pas fait fuir en tombant amoureuse et si j'avais accepté que ça ne soit que du cul un peu plus longtemps...
Hein ?! What the fuck ? J'ai envie de dire argh.
(Cette longue phrase alambiquée et indigeste illustre parfaitement le genre de grandes théories à la mords-moi-le-noeud que les filles peuvent échafauder pour essayer d'expliquer pourquoi une relation a foiré. Pauvres de nous. On n'est pas rendues).
(Elle illustre aussi parfaitement le fait que Calamity a une façon toute personnelle de consoler ses amies au lendemain d'une rupture, mais c'est une autre histoire).

Donc en gros, selon Calamity, ça aurait foiré parce que MoMA et moi, on l'aurait mal joué. Ces hommes à priori capables de vivre des histoires d'amour étaient dans notre vie, dans notre lit, et pourtant bam, ils nous ont glissé entre les doigts. C'est qu'on a dû foiré quelque part.

Mais que fait-on du bon vieil argument "He's just not that into you"?
Je pense qu'il faut arrêter de se flageller. L'explication est en fait toute simple : Je ne plaisais pas assez à Astro, MoMA ne plaisait pas assez à Lours. Point. Peu importe ce qu'on a dit ou fait. (N'est-ce pas que ça console ? Vous m'attendez, je vais me pendre, je reviens).

Quand on s'est séparés, Astro m'a sorti toute une théorie fumeuse sur le fait que, quand on rencontre quelqu'un, on évalue les risques encourus et on décide si on est prêts à les prendre ou pas et bla et bla et bla.
C'est des conneries. Personne ne calcule jamais froidement et rationnellement ce qu'il risque ou non avant de se lancer dans une relation. Si t'as envie, t'y vas, un point c'est tout. Tu sais que tu risques de morfler, mais tu y vas gaiement parce que tu te dis que ça vaut le coup et puis voilà. Y a pas non plus de "J'ai pas envie de m'engager" qui tienne. Faudrait penser à arrêter de nous prendre pour des connes. Tout le monde sait que t'as pas envie de t'engager jusqu'à ce que finalement un jour tu rencontres quelqu'un qui t'en donne l'envie.
Tout ça pour en arriver là, donc : Chers lecteurs, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Et un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Voilà. Vous avez compris, quoi.



samedi 3 mars 2012

You can never hold back spring




      "Comme certains animaux, les femmes pratiquent l'hibernation. Pendant quatre mois, elles disparaissent, on ne les voit pas. Au premier rayon de soleil du mois de mars, comme si elles s'étaient donné le mot, comme si elles avaient reçu un ordre de mobilisation, elles surgissent par dizaines dans les rues, en robe légère et talons hauts. Alors la vie recommence. Enfin, on peut redécouvrir leurs corps, et différencier deux catégories : les grandes tiges, et les petites pommes" (L'Homme qui Aimait les Femmes, Truffaut).
      (Film passablement déprimant dans lequel les femmes ne portent pas de soutien-gorge, trouvent que tout est "formidable" et ont une façon déconcertante et un tantinet agaçante de passer du vouvoiement au tutoiement dans une même phrase) (Je suis une critique cinéma hors pair).

      Le temps de l'hibernation touche à sa fin, donc. Après - effectivement - quatre mois d'hibernation, je suis soudainement reprise de vagues sursauts de sociabilité. Je me sens comme un petit papillon qui sort doucement de sa chrysalide (comment ça elle est galvaudée, ma métaphore ?). La vie reprend doucement.
     C'est bientôt le printemps, il commence à faire beau, j'ai vu les premiers perce-neiges de l'année et de tout petits bourgeons sur les arbres et, vous l'aurez compris grâce aux images, je me sens comme une jeune beauté fragile et évanescente dans un monde tout en pastel, légère comme une bulle de savon et pimpante comme un bonbon acidulé, bref je me sens comme dans un film de Sofia Coppola).

      (Par contre pour les robes légères faudra attendre encore un peu les mecs parce que désolée mais là on se les caille quand-même encore sévère). 

                                       


      Je n'arrive par ailleurs pas à déterminer si je suis une petite pomme ou une grande tige. Il faut dire que c'est un classement un peu limité, avouez. Et si j'étais une petite tige ? Ou bien une grande pomme ? Ou une pèche, tiens ?
       C'est un peu comme dans Husbands and Wives : je pense que le monde ne se limite pas aux renards et aux hérissons (j'ai décidé que dans ce blog il était important d'aborder de vrais sujets). (Si vous n'avez pas vu Husbands and Wives de Woody Allen, et que donc vous ne comprenez rien à ce que je viens de dire (mais ça c'est pas grave, ça arrive), je vous conseille de cesser sur le champ toute activité afin d'y remédier dans les plus brefs délais. Parce que, ben, c'est un bon film, quoi).
      Comme disait mon père un jour, "Parmi les femmes, il n'y a pas que des poules, des biches, des puces et des chattes : il y a aussi des juments, des souris, des fouines, des loutres...". Je n'ai pas encore trouvé mon animal totem mais j'y travaille. Je vous tiens au courant.