mardi 12 novembre 2013

Domicile conjugal

"Tu m'aimes vraiment dis-moi ?", "Tu m'aimes ?", "Tu m'aimes ?", "Tu m'aimes ?"
C'est tout ce qu'elle sait dire !
En bouffant, me rasant, quand je voudrais dormir, faut lui dire que je l'aime.
(Une Petite Fille, Nougaro)

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C'est un peu tôt pour mettre une image de Domicile Conjugal en tête de post ? 
Ah vous croyez ?

(Au départ, pour ma défense, j'ai cherché une image en tapant "In a Relationship" 
dans Google Images, mais on m'a essentiellement proposé ça, donc bon)


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Je suis en couple, donc. Avec un homme (oui). 
On se calme tout de suite, ça m'est déjà arrivé, hein. 
Mais bon, je vous l'accorde, pas depuis un certain temps. 
Du coup, je redécouvre les douceurs de la vie en couple. Comme, entre autres, la joie de faire des câlins le soir quand tu t'endors, la joie de faire des câlins la nuit quand t'arrives pas à dormir, la joie de faire des câlins le matin quand tu te réveilles, la joie de faire des câlins l'après-midi parce que vas-y viens on baise mon bouquin il est nul, et la joie de passer des heures entières à te faire belle, t'épiler, t'exfolier, te crémer, te parfumer, te maquiller, te coiffer, et retourner toute ta garde-robe pour t'habiller, tout ça pour te préparer à un rendez-vous avec ton bien aimé, qui, pour sa part, n'a pas pris le temps de se doucher et de changer de t-shirt en se levant.
L'amour, quoi.
J'ai aussi redécouvert avec tendresse 1) la réaction de l'homme quand tu lui tends un Doliprane parce qu'il se plaint qu'il agonise depuis une heure ("C'est quoi ce truc ? T'essayes de m'empoisonner, c'est ça ? Passe la notice pour voir. Bon, ok, j'en prendrai peut-être un quart de milligramme si jamais je sens que je suis en phase terminale"), ainsi que 2) l'incapacité flagrante des hommes à parler d'amour, même quand ils sont amoureux. (C'est fascinant comme dès que je dis un truc un peu romantique, il est tout à coup en panique et me fait rapidement un bisou sur les cheveux en disant - d'une voix tellement étranglée que c'en est tout bonnement inaudible - un truc laconique comme "Chouette" ou "Tant mieux" avant de passer à autre chose). 


(J'exagère, bien sûr : il m'en dit, des mots doux. Mais - notez-bien - toujours par écrit, bien planqué derrière son portable, et, de surcroît, toujours dans une langue étrangère. C'est mignon).  

Bref, je suis en couple. Et heureuse.
Même si, fille oblige, je trouve évidemment le moyen d'être moi-même en panique assez fréquemment, comme par exemple :
- quand je n'ai pas de nouvelles pendant vingt quatre heures ("il est tombé amoureux de quelqu'un d'autre, c'est fini entre nous, je le savais, je veux mourir"),
- quand il ne respecte pas le quota pourtant raisonnable de 300 bisous et 55 câlins par jour ("il est tombé amoureux de quelqu'un d'autre, c'est fini entre nous, je le savais, je veux mourir"),
- ou tout simplement quand on fait l'amour ("Où est-ce qu'il a appris à faire ça c't'enfoiré ? Il a fait l'amour avec d'autres filles avant moi, je le savais, je veux mourir").
Bref, être une fille en couple n'est pas de tout repos.


Mais reprenons : 
Je parlais donc de "l'incapacité des hommes à parler d'amour, même quand ils sont amoureux". 
Vous allez dire qu'il y a de ça un an et demi, je me plaignais du talent des hommes pour le baratin, et que faudrait savoir ce que je veux, hein, oh, bon, non mais. 
Je vous l'accorde. 
Faudrait aussi penser à accorder mes violons : les hommes sont-ils des beaux-parleurs ou des handicapés de la communication amoureuse ? Faut se décider, que diable ! 
Ben euh... c'est à dire que... ben en fait les deux.
Sauf que j'ai remarqué un truc (et là, je vais vous révéler un truc de ouf que même qu'aucune fille y a jamais pensé, mais c'est parce que je suis une observatrice des relations hommes-femmes à nulle autre pareille, z'allez voir, attention les yeux) : les beaux parleurs et les handicapés de la communication, eh ben c'est pas les mêmes personnes, en fait (ouais). 
Du coup, ben ça dépend. 
Mais disons que souvent - sans vouloir faire de généralités, hein, pensez-vous, c'est pas mon genre - les beaux parleurs veulent juste te sauter alors que les handicapés de la communication amoureuse eh ben ils t'aiment plutôt vraiment bien, sauf qu'en fait ils savent pas trop comment te le dire, mais ça veut pas dire qu'ils t'aiment pas, tu vois (ouais je sais c'est un peu compliqué).

Bref, tout ça pour dire que mon mec c'est pas un mec qui parle beaucoup.
Enfin si. Il parle beaucoup. Il sait plein plein de choses et c'est une vraie pipelette. Il peut passer des heures à me parler de l'histoire de l'économie (oh oui, parle moi encore, mon amour), et même qu'il est tellement à fond lancé dans son truc qu'il faut que je le guide jusqu'à sa chaise au restaurant pendant qu'il parle et que je fasse gaffe à le faire descendre du bus à temps parce qu'il peut pas faire attention à deux choses à la fois. Mais pour parler de sentiments, ben c'est un peu une grosse quiche (sans vouloir balancer). 
Or, moi, jeune fille en fleurs nourrie aux comédies romantiques, je veux qu'il me dise "Je t'aime". 
Moi il me parle de plein de trucs passionnants sur l'actualité et l'histoire et la politique et l'histoire de l'art et la religion et la littérature et bla et bla et bla, et moi pendant ce temps je le regarde les yeux plein d'étoiles et je pense "Je t'aime je t'aime je t'aime je t'aime, est-ce que tu m'aimes, dis, est-ce que tu m'aimes ?"
Mais pas que, hein. (Ben oui, vous m'avez pris pour qui ?). Non, je pense aussi tout plein d'autres trucs impliquant les mots "Fleurs", "Mariage", "Bébé" et puis "Chaton", aussi, parfois. Parce que c'est mignon, les chatons.
(Comment ça mon blog il est pas féministe ? Comment ça je perpétue une image caricaturale et avilissante des femmes ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler).

Certes, on est ensemble depuis même pas deux mois et, en deux mois, on a déjà passé deux semaines à Londres ensemble, pris nos billets pour Florence, commencé à organiser notre nouvel an au Maroc, et - de surcroît - il m'a déjà présentée à tous ses amis et à ses parents, ce qui vaut un peu tous les "Je t'aime" du monde, j'en conviens. N'empêche que, y a rien à faire, moi je suis une relou, je veux qu'on me dise des mots d'amour. (Je le dis pas, hein - enfin pas à lui - mais moi, en plus de tout ça, je veux qu'il me dise des mots d'amour). 

Les filles, c'est un peu con.
Une fille, tu peux la traiter comme une merde, si jamais tu lui as dit "Je t'aime", elle s'accrochera à ça ("Non mais en fait il m'aime, tu vois !!"). Par contre, tu peux être le meilleur petit ami du monde et décrocher la lune pour elle, si tu ne prononces pas les mots magiques, elle pourra pas s'empêcher de se prendre la tête : "Tu crois qu'il m'aime" ?
Je répète : les filles, c'est un peu con.

Parce que, je vous l'accorde : finalement, what are words worth ?


(Notons au passage que ce n'est pas moi qui l'ai embrassé la première, que ce n'est pas moi qui ai proposé Florence ni même Casablanca, que je ne suis pour ma part pas encore prête à le présenter à mes amis ou à ma famille, et que je ne lui ai pas dit que je l'aimais non plus, mais bon, c'est un détail, hein, passons, qui diable vous a raconté que j'étais une personne raisonnable ?).

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Un jour, il y a longtemps, j'ai feuilleté "Mars et Vénus". 
Pour résumer, l'auteur tentait de trouver une solution au problème posé par le fait que les femmes sont généralement à l'affût du moindre mot d'amour comme - appelons un chat un chat - des grosses junkies en manque, alors que les hommes, eux, ne sont - avouez que ça tombe mal - pas très portés sur les mots.
Pour régler le problème, il conseillait à chaque homme de :
1) multiplier les marques d'affection non-sexuelles (un bisou dans le cou, une caresse, etc.)
2) demander régulièrement à sa compagne comment elle va, comment s'est passé sa journée, etc.
3) faire des petits bruits pour lui prouver qu'il l'écoute quand elle parle (huhu... oui... uhu... en effet...)
4) lui dire "Je t'aime" au moins une fois par jour. 
J'avais trouvé ça horrible. (Même si, entre nous, ce sont de très bons conseils. En fait. Damn).
Parce que bien sûr, les femmes veulent que vous fassiez tout ça, mais elles ne veulent en aucun cas que vous le fassiez pour leur faire plaisir. Certes non. 
Ce qu'elles veulent, c'est qu'une fois par jour, vous soyez tellement submergé d'amour que cet amour déborde de vos lèvres et que, à cette occasion, vous les regardiez d'un air énamouré, que vous les serriez contre vous et que, des étoiles dans les yeux et, si possible, une rose entre les dents, vous leur disiez "J’étouffe, je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop" (Cyrano). 
Voilà. C'est pourtant pas compliqué, quoi merde !

Bref, les filles veulent qu'on leur dise "Je t'aime". Et pas qu'une fois. Elles veulent qu'on le leur répète. Encore et encore. A vie. (Jusqu'à ce que mort s'ensuive).  
On sait bien, pourtant, depuis le temps, que c'est pas parce qu'un mec ne dit pas "Je t'aime" qu'il ne le pense pas. (Il vous aime. S'il ne vous le dit pas, c'est juste qu'il vous l'a déjà dit, en fait. Oui, je sais, c'était en 2001, mais faut juste se dire que jusqu'à preuve du contraire, le "Je t'aime" de 2001 est encore d'actualité, en fait. Il vous l'a déjà dit une fois, c'est bon, c'est réglé, vous voudriez quand même pas qu'il vous le dise tous les jours, si ? SI ? ). On le sait, mais bon, quand même, on préfère qu'on nous le dise. Plusieurs fois. Pour être sûre.

Parce que les filles, c'est comme des petites fleurs auxquelles il faut dire des mots doux pour leur permettre de s'épanouir, tu vois. (Tu leur parles, tu leur caresses les pétales, et une fois qu'elles sont toutes belles toutes écloses, hop, tu les choppes). 


Mon père, ce grand sage, a un jour prononcé cette phrase oh combien poétique : 
"Les femmes jouissent par les oreilles".
Avant toute chose, cette phrase met sérieusement en doute, je vous l'accorde, les capacités de lyrisme de mon père et, de ce fait, sa capacité à faire jouir une femme selon la méthode qu'il préconise. 
Mais force est de constater que, si l'on passe outre ce léger manque de poésie, mon père n'a pas complètement tort. Voire même, soyons fous : il a raison.
En effet, non seulement les femmes prennent un plaisir infini à ce qu'on leur conte fleurette, mais vu qu'elles ont pour la grande majorité besoin de se sentir aimée pour être en confiance, d'être en confiance pour se détendre, et de se détendre pour atteindre l'orgasme, on peut en effet stipuler que oui, les mots d'amour aident les femmes à jouir et que donc, par extension, en effet, les femmes jouissent par les oreilles. 

Récapitulons, donc : 
Messieurs, si, à compter de ce jour, vous vous attelez à dire des mots d'amour plus souvent, et donc à rassurer ce petit être aimable et fort joli mais un peu compliqué qui vous sert de petite amie, croyez-en ma bonne vieille expérience, vous en récolterez les fruits.
C'est un peu comme quand vous essayez d'éviter que votre Gizmo ne se change en Gremlin, v'voyez (Oui, inutile de nier, les mecs : je sais pour les Gremlins) :
En effet, si vous la comblez de mots doux (ou même si vous lui en dites juste de temps en temps, quoi, juste un petit "Je pense à toi" ou "T'es belle" par ci par-là, un peu comme tu balancerais un steak à un tigre affamé histoire qu'il te saute pas à la gorge), non seulement votre mie sera plus détendue, plus souriante, et plus épanouie, un peu comme si elle avait arrêté de manger des yaourts ordinaires pour se mettre aux Perle de Lait, mais en plus elle sera moins relou, et davantage portée sur la bagatelle, ce qui, vous en conviendrez, serait fort apprécié.
Voilà. (Mais bon, moi je dis ça je dis rien, hein). 
Pensez-y.


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Je vois d'ici le lecteur qui va commenter et me dire "uhu... oui... uhu... en effet..." (Huhu)

5 commentaires:

  1. je valide! (oui moi aussi maintenant je fais dans le commentaire laconique, j'ai le même spécimen à la maison et il commence à déteindre sur moi...)

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  2. uhu... oui... uhu... en effet...

    (ne jamais me provoquer)

    Ohhhhhh du Nougaro *_*

    Sinon je suis contente d'avoir de tes nouvelles et contente que cela se passe bien.

    Pour en revenir au thème du post, je pense qu'il est toujours facile de parler d'amour quand on ne le pense pas, quand ce ne sont que des mots, des phrases toutes faites que l'on a appris à répéter. Et puis soudain ça devient vrai. Ces mots sont ressentis et ce ne sont plus des mots et cela fait peur. La peur d'être stupide, la peur de n'être pas cru, la peur de se livrer en quelque sorte.

    J'ai du mal à croire les gens qui parlent bien d'amour. J'ai du mal à faire confiance aux beaux mots qui disent ce que je veux entendre. Et pourtant je reste une fille (presque) et je veux qu'on me les dise. Comme quoi, tu n'es pas la seule à être paradoxale et compliquée.

    Mais voila, je ne suis pas d'accord avec toi sur le fait que les beaux parleurs et les timides ne sont pas les même, je pense que c'est une question de personne en face. Il est toujours plus facile de jouer un rôle quand on se fiche de l'audience ou des enjeux. Quand il ne s'agit que de tirer son coup, tout est bon, c'est "de bonne guerre". Au pire on se fait tuer, Game Over, on recommence.

    Quand la guerre est réelle, on n'a qu'une seule chance. Je suis sûre que les hommes fonceraient vachement moins avec de vraies balles qu'un avatar et une manette.

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    1. Coucou Deryn ! T'écris bien, dis ! ^^

      Tu as raison, bien sûr, c'est beaucoup plus compliqué que ça - mais tu me connais, la caricature et les jugements à l'emporte pièce, c'est un peu mon fond de commerce.
      Ce n'est évidemment pas parce qu'un mec dit des mots doux qu'il veut juste tirer un coup et ça n'est pas non plus parce qu'un mec n'en dit pas qu'il t'aime vraiment bien.

      Par ailleurs, il y a des mecs qui ont naturellement la tchatche et d'autres qui sont moins doués avec les mots.
      Ceux qui ont la tchatche quand ils ne sont pas impliqués ont parfois plus de facilité à parler de leurs sentiments quand ils sont épris, mais le fait d'être vraiment épris peut tout aussi bien leur faire perdre leurs moyens.
      Ceux qui ne sont pas doués avec les mots et ne font aucun effort quand ils s'en foutent peuvent, eux, être encore plus mutiques quand ils sont amoureux ou, à l'inverse, se découvrir un petit côté lyrique.
      Toutes les combinaisons sont possibles. Je sais.

      Mon mec, moi, je pense que c'est un mec qui est - de manière générale - pas trop du genre à parler de ses sentiments.
      Je trouve bien évidemment normal qu'il ne me jure pas amour et fidélité au bout de deux mois (même moi je trouverais ça louche ^^) et je sais que ce n'est pas parce qu'il ne dit rien qu'il ne tient pas à moi (j'ai bien vécu six belles années avec un mec qui disait "Je t'aime" une fois l'an).

      Mais bon : comme la grande majorité des filles, j'ai besoin de sécurité affective, je suis sensible aux petites attentions, et j'apprécierais grandement qu'il se montre, parfois, un peu plus démonstratif, parce que c'est quand même pas compliqué putain de nom de dieu de bordel de merde. (hum) (pour résumer).

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  3. C'est vrai que c'est agaçant ce mutisme...
    Claude Nougaro, c'est quand même mieux que Julien Clerc. Très bon choix !

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    1. Bonjour, petite Marie !
      Oui, elle est belle, cette chanson, hein ? Je la trouve magnifique.

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