vendredi 29 mars 2013

J'ai mal à l'éthique

Booyah !

Tranche de vie de prof. Pour toi, Marie.



Cette semaine, j'ai découvert que mes petits élèves chéris étaient en réalité de dangereux homophobes. Argh.
En effet, après un cours, l'autre jour, quatre élèves (un garçon et trois filles) m'ont demandé si j'étais allée à la manif de dimanche dernier, ce à quoi je leur ai répondu, spontanément, que "Bien sûr que non ! Je suis pour le mariage gay", sans imaginer une seule seconde que eux pouvaient être contre. 
(J'avais cela dit eu un indice au lendemain de l'élection présidentielle : quand je leur avais fait dire, en anglais, en début d'heure, que "Today we have a new President" (je comptais évidemment m'en tenir à du "factuel"), ils avaient tous commencé à hurler et à huer François Hollande. Il ne m'était bêtement pas venu à l'idée, cruche que je suis, que des élèves de banlieue défavorisés pouvaient ne pas être de gauche. Cela dit je ne suis pas sûre qu'ils connaissent la différence entre la droite et la gauche, hein. Et puis ils détestent aussi Sarkozy - sans savoir grand chose de lui, d'ailleurs. Si j'ai bien compris, s'ils n'aimaient pas Hollande, c'est essentiellement parce qu'on leur avait dit qu'il voulait réduire les vacances d'été). 
Bref, quand je leur ai dit que j'étais favorable au mariage gay, ils se sont mis à crier. "Vous êtes sérieuse ?!", "Vous êtes bizarre, madame !", avant de soutenir que les couples homosexuels, c'est "dégueulasse", et de me scander avec entrain les slogans "Un papa, une maman" en racontant joyeusement leur première manif (ils avaient accompagné leurs parents). 
J'ai eu comme un frisson.

J'en ai ensuite discuté avec Isidor, qui m'a raconté que quand ils avaient étudié la Seconde Guerre Mondiale et les camps en Histoire, il leur avait appris qu'on avait envoyé dans les camps, entre autres, les juifs ("Ah comment ça se fait trop pas, vas-y !"), les handicapés ("Ah comment ça se fait trop pas, wesh") et les homosexuels ("Ouais ben ça c'est normal !"). 
Ne les diabolisons pas, cela dit : toute la classe n'a pas dit ça, ça devait être le fait d'un seul élève, ou de deux-trois au pire. Mais bon. Ca reste dramatique.
C'est limite à celui qui criera son homophobie le plus fort. Parce que dans la cour de récré, soutenir le mariage homosexuel, pour un élève, c'est s'exposer aux railleries : "Ah ouais c'est parce que t'es pédé, c'est ça ?! Hahaha". A l'inverse, dire haut et fort qu'exterminer les homos ou leur refuser des droits fondamentaux, c'est normal, ça revient à clamer sa virilité, à dire que t'es un "vrai mec". 
C'est tragique. Absolument tragique.
Ces petits gamins qui hurlent au racisme dès que tu leur mets une heure de colle ("Ouais c'est parce que je suis noir c'est ça ?!") trouvent parfaitement normal de traiter les homosexuels comme des parias. C'est normal, quoi. Pas de problème.
Ca laisse sans voix. 

J'aimerais en parler avec eux. Mais bon, je ne l'ai pas fait sur le coup (c'était avec un petit groupe, en fin d'heure, je fermais la porte de ma salle), et je ne vais pas prendre une heure pour aborder le sujet et organiser un débat, ça n'est pas ma place. Délicat. Peut-être que c'est plutôt Isidor qui devrait leur en parler, en Education Civique. Mais bon, le pauvre, il a déjà méchamment galéré quand il a dû leur faire un cours sur la laïcité... (Oui, la laïcité est au programme. Et c'est une très bonne chose. Mais c'est un sujet sensible).

Bien sûr, ils ne font que répéter ce que leur parents leur enseignent (c'est eux qui les ont traînés à la manif), mais quand même, je trouve ça terrifiant. 
Bien sûr qu'à l'école les gamins sont bêtes, et je sais que c'est monnaie courante de se faire "traiter" de pédé ou de lesbienne, mais bon. Oui. Les jeunes sont cons. Certes. Mais moi, je me souviens que quand, en cinquième, les gens nous traitaient de lesbiennes, moi et ma meilleure amie, en guise de réponse, on se faisait des smacks sur la bouche en pleine cour avant de leur dire d'aller mourir. Parce que déjà à douze ans, il était hors de question qu'on se rabaisse à dire "Non, arrête, on n'est pas lesbiennes, même pas vrai". C'était de la provocation stupide de notre part, mais c'était quand même moins bête. On avait au moins la décence de traiter ça par le mépris. Mais bon, je sais pas, j'imagine qu'on n'avait aucun mérite. On était, comme eux, les fruits de notre éducation, et on avait appris à mépriser l'homophobie au même titre qu'eux avaient appris à mépriser l'homosexualité. On avait juste eu des parents ouverts d'esprit. On avait grandi dans un milieu ouvert d'esprit.Et puis l'homosexualité féminine est mieux acceptée que l'homosexualité masculine, aussi. Donc c'était moins difficile, j'imagine. Je sais pas. 

Et puis bon, ils sont petits. Ils ont onze ans, ils n'en ont pas trente.
Ils connaissent rien à rien. Ils grandiront. Ils apprendront.
L'autre jour, ils ont également poussé des cris quand ils ont appris que je ne connaissais pas Keen V et Tal. "Quoi ?!! Vous connaissez pas Keen V et Tal ???!!! Oh la la... Mais vous écoutez quoi alors madame ??? Du classique ?!" (NB : "Keen'v, de son vrai nom Kevin Bonnet, né le 31 janvier 1983 à Rouen, est un chanteur de Ragga Dancehall") (Hahaha). Bref. 
(Enfin, heureusement, ils ont ensuite découvert que je savais - au moins - qui était Kim Kardashian. Ils ont donc décidé que je n'étais pas complètement inculte et irrécupérable. Ouf). 

J'avais déjà été confrontée à l'homophobie primaire de certains étudiants dans l'école de commerce où j'enseigne quand, il y a quelques semaines, des petites étudiantes versaillaises avaient clamé leur homophobie sans complexe, et avec véhémence. 
J'étais restée bouche bée. 
Pour mon premier cours, j'avais organisé un faux speed-dating : les étudiants avaient tous des fiches personnages, et ils devaient faire connaissance. A chaque fiche du rang A correspondait une des fiches du rang B, pour que chacun, à un moment du speed dating, rencontre l'âme soeur. 
Le tout devait avoir lieu en anglais (c'était pour leur faire retravailler les présentations de base : nom, âge, profession, situation familiale, hobbies, désirs pour l'avenir, ce genre de choses) et à la fin, chacun devait s'asseoir en face de son "âme soeur" et les couples ainsi formés devaient m'expliquer (en anglais toujours) pourquoi ils étaient faits l'un pour l'autre.
J'avais déjà fait cet exercice avec plusieurs groupes, et ils s'étaient toujours beaucoup amusés.
Cette fois-là, apprenant que j'allais avoir un groupe fait essentiellement de filles, j'avais prévu un certain nombre de couples lesbiens dans mes fiches-personnages. Je l'avais déjà fait auparavant avec d'autres groupes de filles, et ça n'avait, jusque là, jamais posé de problème. 
Or, ce jour-là, deux de mes élèves filles ont fait un esclandre : "Ah non, moi je fais pas une lesbienne, y a pas moyen, ça va pas non ?!". J'étais stupéfaite.
Un des mecs était absent, j'ai donc refilé un rôle de mec à une des filles et une fiche de femme hétéro à l'autre, en leur faisant comprendre que j'étais 1) agacée 2) outrée. (Je n'allais pas leur faire un grand discours sur l'homophobie, là n'était pas ma place - et franchement, ça n'aurait servi à rien - d'ailleurs le débat sur le mariage gay qui a eu lieu en anglais au cours suivant entre les élèves n'était franchement pas glorieux : les élèves qui y étaient "à priori" favorables étaient en minorité, trop intimidés par la majorité, et trop peu sûrs de leurs arguments pour les défendre). 
Pendant la partie de speed-dating, la fille à qui j'avais donné une fiche d'homme hétéro a donc, évidemment, été amenée à rencontrer des filles avec des fiches de femme lesbienne : et à chaque fois, elle ricanait et refusait de leur parler, comme si elle allait être "contaminée". Quand je l'ai engueulée, elle a arrêté, et a accepté de "jouer le jeu", mais a bien protesté au préalable.
C'était risible. Et nauséabond. J'avais envie de la virer à coups de pied au cul.
Bref, cette fille de vingt ans, à priori éduquée, faisait preuve de la même homophobie puérile et bruyante que mes petits caïds de banlieue... C'était horrifiant. 

Je n'ai pas l'habitude d'entendre des discours homophobes proférés aussi ouvertement et de façon aussi décomplexée. Je n'évolue pas dans un milieu où je suis confrontée à ça. Honnêtement, je ne pensais pas vraiment que ça existait en vrai. Des clichés pareils, je veux dire. Enfin si, je le savais, mais pas à ce point, ou du moins dans un monde parallèle, pas dans le mien. Je ne pensais pas y être confrontée un jour de plein fouet, en tout cas. 
Pourtant, ce n'est pas la première fois que j'entends des élèves dire des atrocités.
Il y a quelques années, un élève a été poignardé dans un collège avoisinant. Quand j'en ai parlé au cours suivant avec mes élèves, en anglais toujours, pensant qu'ils allaient, en gros, me dire que c'était "scary" et "terrifying", j'ai à la place été amenée à entendre ça : "Non mais attendez madame on peut pas juger, hein. On connaît pas l'histoire, nous. Ca se trouve il l'avait cherché". (......). 
Inutile de souligner que la plupart de mes élèves sont pour la peine de mort. ("Enfin, surtout pour les violeurs d'enfants, hein madame").... Au secours.
Après la mort de Mohamed Merah, quand on a dû faire une minute de silence dans tous les collèges de France, il a aussi fallu que je leur explique - et j'ai réussi à les convaincre - que non, il n'avait pas eu raison, Mohamed Merah, de tuer des petits juifs sous prétexte qu'Israël ne traite pas bien les palestiniens, parce que les petits juifs ils avaient rien fait, c'était pas de leur faute, c'est pas parce que t'es pas d'accord avec la politique d'Israël que t'as le droit de tuer des juifs, ça s'appelle du terrorisme et c'est pas bien...
(Ils ne sont pas antisémites, hein. Ils auraient condamné le meurtre de ces enfants s'il s'était agi d'un "simple meurtre antisémite", donc "raciste". Ils sont contre le racisme. Et, par ailleurs, ils ne connaissent rien au conflit israëlo-palestinien. Mais ils respectent le côté "oeil pour oeil, dent pour dent". L'idée de vengeance. Ils ont une conception de la justice très personnelle).

Bref. Ouch.
On n'est pas rendus.

Bon, et sinon, pour en rester sur ce beau sujet du mariage pour tous, je vous envoie en lien cette belle vidéo à l'humour d'une grande fraîcheur n'est ce pas. (Non, je n'ai pas un humour très fin).



mercredi 27 mars 2013

Mammals in love


Aujourd'hui, ça fait un mois.

Vous voyez le post Party Time ? Je l'ai rencontré ce soir là. 
Oui, la midinette est génétiquement programmée pour compter les jours et les semaines de ses relations amoureuses, et pour mémoriser à jamais - vous m'entendez ? à jamais - les anniversaires. 
(La midinette est un être terrifiant).

Un mois qu'on se connaît, et donc un mois que je suis revenue au stade animal, voire au stade foetal.

En effet, je suis en phase de devenir un chamallow invertébré. 
(Un chamallow invertébré en petite tenue affriolante, cela dit, hein - cela va sans dire).
(Pour qui me prenez-vous ?)


Hier, j'étais avec Boucles d'Or. 
Pendant qu'elle donnait le biberon à son petit garçon de cinq mois, elle m'a expliqué, joyeuse et attendrie, qu'il était "encore un petit peu moins intelligent qu'un chimpanzé". 
En effet, le chimpanzé a conscience de lui-même. Le bébé de cinq mois, non. 
Il n'a pas encore franchi le stade du miroir, il ne se reconnaît donc pas (le costume de petit ours bleu n'aidant peut-être pas - pour sa défense) (j'aimerais vous y voir).


Moi, c'est pareil. 
Ces derniers temps, je me fais l'effet d'un petit chimpanzé. 
Ou d'un chiot. D'un petit ours. 
D'un petit animal, quoi. 

Viggo et moi, on vit comme des chats.
On vit au lit.  
On se blottit, on se réchauffe, on se renifle, on se mordille, on ronronne.
On somnole.
On est bien.


Ces temps-ci, je voudrais vivre à jamais dans le liquide amniotique de mon lit.
Ne plus quitter ce cocon, cette chaleur. Ne plus ouvrir les yeux.
Quand il se lève, le matin, je me sens comme un bébé arraché à sa mère : démunie.
Mais je dois me réveiller, revenir à la vie adulte, à la réalité.
Tous les matins, je dois refaire à moi toute seule le processus de l'évolution en accéléré : ressortir de l'eau, réapprendre à marcher, à penser, à parler, à aller travailler. (Les réveils sont durs).
(Des fois je manque un peu de mettre le feu à l'appartement en préparant le petit déjeuner, parce que je maîtrise pas encore bien bien bien, le truc avec les silexs et tout). 
Alors je reprends ma vie de femme du monde hautement évoluée n'est-ce pas, élite de l'espèce humaine, maillon fort de la chaîne alimentaire, créature à grosse tête et forte poitrine, bref le sommet de l'évolution, quoi.
Et puis, tous les soirs, dans ses bras, je redeviens un petit mammifère. 




Bref, disons le haut et fort : je pense que mon cerveau rapetisse. (On observe d'ailleurs comme un retour à la préhistoire dans mes appartements, ces jours-ci).
Peut-être que bientôt je tenterai de communiquer avec mon reflet dans le miroir en poussant des petits cris. (Ce qui, j'en suis sûre, enrichira ma vie amoureuse).

Mon cerveau s'atrophie, donc, ce qui rend l'exercice d'écriture difficile. 
Vous allez d'ailleurs probablement assister à la déliquescence de mon intellect en direct, et me voir perdre la capacité d'écrire au fur et à mesure de mes prochains posts, comme une sorte de Benjamin Button de l'internet. Tenez-vous prêts. 

Bon mais sinon ça va bien, donc. 
Un peu comme Bastien qui se voit forcé de donner un nom à l'impératrice de Fantasia pour sauver l'univers des rêves et de l'imagination (tellement bien ce film), je me suis vue dans l'obligation de donner un pseudo à mon dulciné, que j'ai nommé Viggo, rapport à ses petits airs de Viggo Mortensen (yummy). 


BB : Viggo Mortensen ? Mais c'est pas le mec qui joue Aragorn ?? Oh putain la salope elle se tape Aragorn !!... Tu prêtes ?! Ah non, j'oubliais, toi tu prêtes pas... Pfff...

Bref, je l'ai eu, mon preux chevalier avec une grosse épée.
Joie.


Bon et sinon je vous présente toutes mes confuses pour cet étalage scandaleux de contentement mièvre : je vous l'accorde, c'est dégoûtant. Indécent, même. Vraiment. Pardon.
Moi-même, si j'avais rencontré une fille comme moi il y a encore un mois, je crois que je l'aurais défenestrée. Purement et simplement. ("Oups, pardon, madame. Un réflexe").

Mais bon, quand même, c'est bien, quoi. La vie, l'amour, tout ça. (Sourire niais). (Soupir).

jeudi 14 mars 2013

Explicit Content

(Let's talk about sex baby)

 

Parlons peu, parlons bien, parlons cul. 


J'ai décidé d'arrêter un peu de raconter ma vie et d'écrire un article de fond, n'est-ce pas (huhu) (non parce que merde c'est important d'aborder les vrais sujets, parfois), afin de - bienfaitrice de l'humanité que je suis - poser ma pierre sur le grand édifice de la vie et permettre à tout un chacun de s'envoyer en l'air davantage, et mieux. (Quoiqu'il est fort possible que cet article empêche, finalement, tout le monde de dormir) (Je m'en excuse d'avance).


Un jour, un matin, alors que je rentrais chez moi après avoir passé la nuit chez un garçon, j'ai vu ces mots écrits par terre. C'était il y a un ou deux ans, sur un trottoir près du canal Saint-Martin.
J'étais encore un peu endormie, et assez euphorique.
J'ai ri.
J'ai remercié le trottoir.

On a tous peur d'être de mauvais coups. Ca n'est un scoop pour personne. (Certains d'entre nous sont plus rodés que d'autres, certes, mais le souci de performance est notre croix à tous).
Les mecs ont peur qu'on trouve leur bite trop petite, ils ont peur de ne pas bander, de ne pas tenir assez longtemps, de ne pas réussir à nous faire jouir. Nous, on a peur qu'ils nous trouvent mal foutue, on a peur de ne pas les faire bander, de ne pas être assez cochonne à leur goût, de ne pas réussir à jouir. Bref, les insécurités sont bien partagées.


- A l'époque où on couchait ensemble, Johnny Blue Eyes m'a demandé, un soir, par texto, vraisemblablement bourré, s'il était un bon amant. Il n'avait couché avec personne d'autre que sa copine dans les trois dernières années (copine dont il venait de se séparer) et il avait besoin d'être rassuré. J'ai trouvé ça touchant. Je lui ai donc expliqué par A plus B, en quoi oui, il était un bon amant. Et je n'ai même pas eu besoin de mentir. Parce que oui, clairement, j'aimais faire l'amour avec lui. Et il aurait dû le savoir. Mais ce genre de peur est irrationnelle. D'ailleurs, rien de ce que j'ai pu dire ne l'a vraiment rassuré. Je le sais. Je l'ai vu.
- J'ai eu un autre amant complexé par la taille de sa bite, qui était pourtant tout ce qu'il y a de plus standard. Mais, comme tant d'hommes, il était persuadé qu'elle était plus petite que la moyenne. Et rien de ce que je pouvais lui dire ne pouvait le persuader du contraire. Il pensait que je disais ça pour être gentille, et se sentait humilié que je le ménage. Je ne savais pas trop comment faire face à un complexe aussi irrationnel, là encore. (Un peu comme quand vous, messieurs, essayez désespérément de convaincre une fille que ses quelques kilos en trop ne vous font pas du tout - mais alors pas du tout - débander).
- J'ai par ailleurs eu un certain nombres d'amants qui avaient des érections "fragiles" ou qui éjaculaient trop vite ou quoi ou qu'est-ce, bref qui n'étaient pas au top (et franchement, je tiens à préciser ici que ça n'est franchement pas une affaire d'état). Pour certains, c'était certainement juste sur le coup : ils n'avaient peut-être pas vraiment envie de moi, ou alors ils étaient intimidés, ou carrément amoureux, ou juste complètement bourrés (romance). Pour d'autres, avec qui j'ai eu de vraies histoires, c'était chronique. Et, évidemment, c'était une source de souffrance terrible. (Pour moi comme pour eux). Pour moi parce que j'étais frustrée mais aussi parce qu'en plus ils me faisaient la gueule (l'animal blessé mord) et que je souffrais de la distance que ça mettait entre nous. Pour eux parce que c'est un engrenage infernal : l'homme qui a peur de mal faire n'arrive pas à assurer, donc perd encore plus confiance en lui, donc assure encore moins, et ainsi de suite jusqu'à ce que ça devienne un réel problème.

On est tous égaux face au sexe : on est tous, en moyenne, plus ou moins rongés d'insécurités et de complexes (qui s'estompent évidemment avec l'âge, l'expérience, et la confiance qui naît de l'intimité avec quelqu'un, mais qui ne disparaissent jamais complètement).
Comme vous, messieurs, les filles s'inquiètent de leur apparence physique, de la taille, de la fermeté et de la beauté de leurs seins et de leurs fesses, de leur pilosité plus ou moins abondante, de leur odeur, de leur goût, de leur savoir-faire. Elles ont peur qu'on les trouve laides, empotées, elles ont peur de mal sucer, de mal bouger, que sais-je encore, et dans l'ensemble, elles ont peur de ne pas jouir. Ne croyez pas qu'elles n'ont qu'une attente : que vous, vous les fassiez jouir. Les filles ont, en moyenne, du mal à jouir, et elles ont à cet égard un souci de performance souvent aussi prononcé que le vôtre. Parce qu'un bon coup, on nous l'a dit et répété, c'est avant tout une fille qui aime le sexe, et donc une fille qui jouit. Or, un peu comme pour une érection, plus on se met la pression, moins on y arrive. Eh ouais. C'est mal fait. Vous apprendrez donc que taxer une fille de frigidité, c'est un peu comme taxer un homme d'impuissance : c'est la "castrer", l'attaquer dans sa féminité. Ne faites jamais, jamais ça.

Je m'adresse aux mecs parce qu'il me semble que tout ça, les filles le savent. Parce qu'elles parlent. Elles se parlent. Beaucoup. Elles parlent avec des mecs, aussi, parfois, qui du coup en apprennent et leur en apprennent par la même occasion. Dans l'ensemble, par contre, les mecs se parlent assez peu entre eux. Pas tellement de sexe, en tout cas. Pas d'amour, non plus. Ca n'est pas le cas de tous les mecs, évidemment, mais j'ai quand même la ferme impression qu'il y a comme un vide dans les échanges de ce côté-là.
- L'autre jour, j'ai passé des heures à parler dans un bar avec un mec qui disait être le "meilleur ami" d'Antoine et qui pourtant n'avait jamais entendu parler de moi (passe encore), ni même de Stéphanie, le grand amour de sa vie. (Du coup, je doute fort qu'ils aient échangé sur leurs éventuels problèmes d'érection).
- Junior et Phébus, deux très bons amis à moi, et les plus vieux amis de mon pote Cuzco, n'étaient, eux, pas du tout au courant que Cuzco était amoureux de moi avant que je ne le leur dise.
- Mister F, lui, a souvent dit à MoMA qu'il en apprenait davantage sur son grand pote Y en parlant avec elle qu'en parlant avec lui directement.
C'est quand même très étrange. Comment peut-on être le meilleur ami de quelqu'un sans rien savoir de sa vie privée ?

Bref, pour en revenir au sexe : les mecs, si vous en parliez entre vous, vous apprendriez que les autres ne sont pas tous des bêtes de sexe qui prodiguent des orgasmes multiples à tout va et vous sauriez qu'il vous arrive à tous, parfois, plus ou moins souvent, de ne pas assurer.
Et il n'y a bien que les mecs pour trouver ça risible. (Ce qui explique pourquoi vous n'en parlez pas entre vous, vous me direz). (Putain de concurrence masculine).
En effet, les peu de fois où j'ai eu le malheur de dire devant un copain que mon amant avait des problèmes d'érection, le copain en question s'est presque toujours mis à glousser comme un sale petit coq en traitant mon amant de gros loser ("Non ??! Ca ne m'est jamais arrivé ! Quitte-le, c'est un tocard !"). C'est à vous dégoûter de vos amis. Incroyable comme un mec d'ordinaire à peu près fin peut devenir un gros beauf décérébré dès qu'il s'agit de sa bite. Vous n'avez vraiment aucune pitié les uns pour les autres, dites.
En revanche, jamais une amie à moi ne m'a dit "Sérieux ?? Oh le pauvre type !". Jamais. Généralement on se contente de "Oh le pauvre" - parce qu'on a bien enregistré à quel point vous le viviez mal - accompagné d'un "Oh ma pauvre", hein, quand même, parce que certes, on veut bien ménager vos sacro-saints pénis, mais bon, y en a qui aimeraient bien baiser, ici ! Et aussi parce qu'on sait qu'un mec blessé dans son amour-propre est difficile à gérer. J'ai très mal vécu de devoir, si souvent, rassurer des mecs qui me faisaient la gueule parce qu'ils n'avaient pas réussi à bander ou parce qu'ils avaient joui trop vite et qu'ils étaient "vexés", mais qui étaient, eux, incapables de me dire qu'ils étaient désolés. (Entre ceux qui te font la gueule parce qu'ils n'ont pas réussi à te faire prendre ton pied et ceux qui ne font rien pour parce que dans le fond ils s'en foutent, je peux vous dire que dans l'ensemble, on n'est pas aidées). (Mais c'est encore un autre problème).

Revenons à Johnny Blue Eyes qui voulait savoir s'il était un "bon amant".
Je pense que les bons amants - c'est-à-dire les gens qui assurent tout le temps et avec tout le monde - ça n'existe pas. Il y a des gens qui t'excitent et d'autres qui ne t'excitent pas, et c'est tout. Il y a des mecs très "performants" qui ne m'ont fait ni chaud ni froid et, inversement, des mecs pas très doués qui m'ont rendue dingue. Tu peux baiser avec l'expertise et le doigté d'un grand chirurgien, si tu n'as aucune sensualité ça ne marchera pas. Et tout le monde n'éveille pas ta sensualité non plus. Certains hommes dans ma vie m'ont dit qu'ils adoraient faire l'amour avec moi (hum hum - s'éclaircit la voix pompeusement) mais je suis convaincue qu'il y a plein de mecs avec qui j'ai été nulle (eux, en revanche, ne me l'ont pas signifié - merci à eux). Nulle parce que je manquais d'assurance, parce que j'étais trop stressée, intimidée, ou pas assez motivée, il peut y avoir plein de raisons. Il y en a aussi avec qui j'étais comme un poisson dans l'eau, pour des raisons de compatibilité et de circonstances qui sont, elles aussi, complexes et incontrôlables.
D'ailleurs, maintenant que j'y pense, les filles se racontent si "c'est" bien avec un homme, pas tellement si "il" est un bon amant, conscientes que ça ne dépend pas uniquement de lui.
Johnny Blue Eyes était donc un bon amant pour moi mais une autre aurait tout aussi bien pu le trouver naze. Et puis j'imagine que lui-même, il lui est arrivé d'être moins inspiré. Par ailleurs, évidence que je précise quand même, on peut être être parfois nul et parfois très bien avec une seule et même personne, pour diverses raisons.
Bref, ce n'est pas tant une question de technique que de chimie et de circonstances.
(Allez vlan, enfonçage de porte ouverte bonjour).

Revenons maintenant au fait que les filles parlent entre elles :
- I think - well, it's practically a cliché, now - that if women knew how men talked about them behind their backs they wouldn't find it very elevating. And if men knew how women talked about them behind their backs...
- It would be dick-shrivelling
(Pulse, Julian Barnes)

C'est vrai. Les filles se disent tout. Presque tout.
Ca ne serait probablement pas très édifiant pour une femme d'entendre des mecs parler de leurs plans cul entre eux. Certes. Mais si des mecs nous entendaient, je pense qu'en effet, ils seraient horrifiés.

Je vous le confirme, les mecs :
Si on couche avec vous, il y a de fortes chances que dès le lendemain, au moins une de nos amies sache comment c'était, si vous avez été tendre ou non, si ça a duré longtemps ou non, si on a eu un orgasme ou non, si vous êtes bien gaulé ou non, si vous avez tenu le coup jusqu'au bout au pas, etc.
Elles le sauront aussi si, au choix, vous vous épilez le pubis, parlez en baisant, n'avez qu'une seule couille, avez un goût prononcé pour les positions saugrenues, ce genre de connerie.
Je sais, c'est horrible. Mais c'est vrai. Désolée.
Mais il ne s'agit pas uniquement d'un débriefing purement factuel. Elles sauront aussi si on se sent amoureuse, si on a l'impression que vous nous aimez vraiment bien ou que vous n'étiez là que pour le sexe, si vous avez dit ou fait certaines choses qui suggèrent l'un ou l'autre, ce qu'on en pense (et toi, dis, qu'est ce que t'en penses ?), comment vous nous avez quittée et ce qu'on pense que ça augure pour la suite, et bla et bla et bla.
Et le fait de savoir qu'on ne parle pas QUE de cul était censé vous rassurer mais peut-être que là en fait vous trouvez ça encore pire.
Votre intimité est révélée, violée, commentée par des inconnus. C'est désagréable. J'avoue.
Je tiens à dire pour notre défense qu'on met un terme aux confidences une fois que le mec se met à faire partie de notre vie et à fréquenter nos proches. Ne craignez donc pas, en arrivant pour l'apéro, que notre meilleure amie vous fasse la bise en pensant très fort, au choix "Rho la tâche il a pas réussi à bander hier soir" ou "Bonsoir bête de sexe !!" (ce qui vous dérangerait moins, avouez).

Et puis on ne parle pas que de vos potentielles déficiences, hein. On parle aussi des nôtres. On se le dit quand on s'est trouvée gauche ou maladroite ou qu'on s'est sentie conne parce qu'on avait une culotte Snoopy ou qu'on s'était pas épilée depuis tellement longtemps qu'on en était revenue à l'état sauvage, quand on a fait la vierge effarouchée malgré nous parce qu'on était pétrifiée de timidité ou quand on a tellement voulu jouer les chaudasses pour vous exciter qu'on pense que finalement on vous a fait peur. On se moque de nous-mêmes, on rit, ça dédramatise.
Cela dit, ça n'est pas parce qu'on est prêtes à en parler entre nous qu'on apprécie que vous le fassiez. Vous détestez qu'on parle de vos performances sexuelles et, pour être honnête, on est horrifiées à l'idée que vous puissiez parler des nôtres.
On balise à la simple idée que vous puissiez commenter notre apparence physique ou nos performances sexuelles dans votre tête, alors l'idée que vous puissiez en parler avec vos potes... 
Et je sais que vous le faites. J'en ai entendu, des mecs, commenter les seins, le cul ou la chatte de telle ou telle fille ("Les chattes des filles, y en a pas une pareille ! C'est d'une variété infinie" m'a t-on dit), commenter la qualité de ses pipes, ou la façon dont elle leur touche la bite (trop fort ou pas assez), se plaindre que c'était une folle qui mordait les tétons ou une coincée prise de tête qui voulait pas baiser le premier soir (coucou les gars !) ou une étoile de mer ou une cochonne insatiable qui aimait qu'on la prenne par derrière dans les toilettes des bars. 
Vous faites comme nous et, quand on y pense, croyez-moi, on n'aime pas. 


Un jour, un amant à moi a eu une énième panne et m'a immédiatement dit, amer, que j'allais pouvoir "aller le raconter à mes copines". Il avait raison, bien sûr. J'en ai parlé à mes copines. Mais ça n'est pas du tout, du tout ce qu'il croyait. J'ai essentiellement parlé du fait que j'étais amoureuse de lui, que ça se passait mal sexuellement, qu'il en souffrait et que ça le rendait distant, que ça me vexait atrocement mais qu'il fallait que je me raisonne et que je comprenne que ça n'était pas de ma faute, ce genre de choses.

Les filles parlent de leur vie sexuelle au même titre qu'elles parlent de tout (de leur famille, de leurs amis, de leurs mecs). Du coup elles apprennent beaucoup, pas seulement de leurs expériences mais aussi de celles des autres. Elles aiment le faire aussi un peu pour la même raison qu'elles aiment aller au hammam (cet endroit enchanteur où des femmes nues et suantes s'aspergent d'eau glacée en poussant des petits cris et en riant très fort, l'équivalent fantasmatique de la bataille de polochon en petite culotte) : because it gives them perspective.
Au hammam, elle peuvent enfin voir comment les autres filles (les vraies, pas celles de la télé) sont foutues. De même, en parlant de leur vie sexuelle, elles peuvent constater avec soulagement que le sexe est un truc compliqué pour tout le monde. Et les ratés, elles ont besoin de les partager, pour évacuer, pour se rassurer, pour savoir que c'est pas grave, que c'est normal, que c'est arrivé à d'autres, pour avoir des conseils, du réconfort, pour trouver des solutions.

Il se passe tellement de choses en coulisse quand deux personnes font l'amour. Ca peut être simple et super mais le moindre raté peut réveiller les casseroles de chacun de façon fulgurante, et c'est d'autant plus dévastateur que ça se fait en silence. Qu'est-ce qu'on sait des peurs et des blessures de l'autre, qu'est ce qu'on sait de ses réflexes pavloviens, de ce que tel mot ou tel geste peut lui rappeler et provoquer en lui ? On n'en sait rien.
Et se raisonner, faire taire ses propres insécurités et ses blessures d'ego tout en tentant de comprendre et d'analyser celles de l'autre, c'est un travail de longue haleine qu'il est préférable d'entreprendre à plusieurs. Voilà. C'est pour ça que ce soir, chers lecteurs, je vais aller me soûler avec mes amies et parler de toutes ces choses dont je ne parlerai pas ici. (Eh ouais).


mardi 12 mars 2013

Happiness is a warm gun

Bang Bang Shoot Shoot




Résumons.
J'ai rencontré un garçon et je gère avec sang froid je suis à fond.
Ca fait dix jours. Dix jours c'est si peu et tellement à la fois. 
Suffisant pour passer des nuits entières à parler, à faire l'amour, à dormir dans les bras l'un de l'autre, sa main dans ma main, son nez contre mon nez (oui, je vous l'accorde, c'est pas pratique pour respirer, mais vous êtes censés trouver ça mignon, d'accord ? - pff, z'êtes nuls, vous comprenez rien). Suffisant pour apprendre à connaître le corps de l'autre, suffisant pour apprendre son odeur, sa peau, sa voix. Suffisant pour vivre un semblant de quotidien, pour se brosser les dents ensemble et faire griller du pain, finir le pot de confiture d'abricot, aller pique-niquer au parc, boire le café en terrasse, s'embrasser dans la rue, dans la cage d'escalier, dans l'ascenseur, regarder des films, écouter de la musique, se prêter des livres, se confier des histoires. 
Suffisant pour rêver, fantasmer, se projeter, s'attacher. 
Suffisant pour le faire en secret, du moins.
Parce que sur le papier, dix jours, ça n'est rien.
Alors j'attends. J'attends de voir. Je vis ma vie. On verra. 

Le début d'une relation, c'est un peu comme une partie d'échec. Ou une mayonnaise. Ou comme un grand touché-coulé. Il faut pas se foirer.
L'autre jour, quand il a sorti une balle de ping-pong pour faire bosser ses revers à son chat, il a coulé mon porte-avion. Bam. D'un coup. 
Moi je sais pas où en est sa grille, je la vois pas. Je balance des torpilles un peu au pif. Et je prie.

Au bout de dix jours, t'as déjà envie de l'appeler "mon amour", de le demander en mariage et de lui faire des enfants, mais, pour soigner ta couverture, tu préfères la jouer désinvolte. Du coup, au lieu de lui sauter au cou avec les yeux qui pétillent et de l'étouffer dans tes petits bras amoureux en lui disant que tu ne veux plus jamais le quitter, tu le checkes froidement en disant "wesh bro tranquille à plus" et - détail important pour brouiller les pistes - tu craches par terre. (Non ? Pas vous ? Ah).
Oui, parfois tu peux aussi torpiller ton propre porte-avion. Si t'es con.

Aparté :
Oui, la trentenaire veut des enfants. C'est un fait. (On le saura).
(Allo ? T'es un fille, t'as 32 ans, t'as pas d'enfants ? Non mais allo ? Allo, quoi ?)
(Pardon. Fallait que je la fasse).
L'autre jour, une copine à moi a passé le week-end chez une amie à elle qui a une petite fille, et elle a eu une montée de lait. Elle est trentenaire, elle veut des enfants, elle passe le week-end à proximité d'un bébé et hop, elle a une montée de lait. C'est fou. Je savais même pas que c'était possible. Notre corps nous parle, quoi. On peut pas y échapper. On est des animaux. Ou, comme le disait si bien BB : on est des vaches.
BB (après que son amant de 23 ans l'a quittée) : "Non mais tu te rends compte ? Mon amant de 23 ans qui me dit qu'on va arrêter de se voir parce qu'il pense qu'il doit arrêter les conneries ? Le mec il a huit ans de moins que moi et il me dit que les histoires de cul c'est bien joli mais que bon, maintenant il est grand, il a 23 ans et il est temps pour lui de passer à autre chose ? Non mais what ?! Donc moi je vis une vie d'adolescente attardée, c'est ça ? Recevoir une leçon de morale d'un mec de 23 ans, ça m'est resté en travers de la gorge. Et puis surtout ça veut dire quoi "Je veux quelque chose de sérieux" ? Et pourquoi il me propose pas à moi ?! Je lui aurais dit non, bien sûr, mais c'est pas la question. Je suis pas une fille avec qui on peut vivre un truc sérieux, moi ? Non mais franchement. J'étais vexée comme un pou. Je suis juste pour la baise, moi ? Je comprends pas : y a des filles avec qui tu vis des histoires d'amour et des filles avec qui tu vis des histoires de cul ?! Genre on nous étiquette dès le départ "vache à viande" ou "vache à lait" ? Mais je peux faire les deux ! Une vache c'est une vache. Je suis une vache, merde !!" (Hahahaha).

En attendant, donc, je déclare mon amour à mes amies.
Hier soir, je suis sortie jusqu'à tard. En rentrant, sur le quai du métro, je me suis assise, j'ai sorti mon bouquin, je me suis mise à lire. Puis mon portable a sonné. (Joie. C'est lui qui m'écrit ?).
SMS de Fleur : "On voit ta culotte".
J'ai levé la tête. Elle était sur le quai d'en face, elle me souriait.
Hahaha. Ma Fleur.
(On ne voyait pas ma culotte du tout, hein, je vous arrête tout de suite : il faisait trois degrés et j'avais 1) les jambes croisées 2) un gros collant en laine).
J'ai bien ri.
Moi : Je t'aime poupée.
Fleur : Moi aussi bitch.
(Aaaah, les joies du female bonding).




Sur ce, je vais corriger mes copies. Parce que dehors c'est la Sibérie (moi qui craignais une ère glaciaire dans mon couple naissant) (je suis en vigilance orange, de toute façon) (je me tiens au courant de l’évolution de la situation et je suis les conseils de sécurité émis par les pouvoirs publics), et que bon, il faut bien. Mais Marie, sache que pour l'instant, ma vie de prof, j'en ai vraiment rien, mais alors rien à carrer. En vrai. 
Mais je vais l'écrire, ce fameux papier sur ma vie de prof. J'y pense pas mal. Je l'ai même commencé. Ca a d'ailleurs été l'occasion pour moi de me passer Gangsta's Paradise en boucle, et rien que pour ça, je te remercie. 
Ce sera mon premier papier en envoyée spéciale, en mode "Bayane a testé pour vous". J'aime bien.
D'autres challenges, à ce propos ?

samedi 9 mars 2013

Le monde enchanté de Jacques Demy

"When I hold you in my arms,
 And when I feel my finger on your trigger,
 I know nobody can do me no harm"


En ce moment je n'écris pas beaucoup parce que :




 

Voilà. En gros.

Dans ma vie, en ce moment, il y a des faons, des petits lapins, des fleurs, des colombes qui s'envolent au petit matin et des couchers de soleil. Bref, il y a l'amoûûûr. 

Ca joue du Michel Legrand dans les rues, les gens dansent le rock acrobatique au supermarché, et aussi je ne parle plus qu'en chanson, en rimes et en alexandrins, tout ça. 

Je suis ce petit lapin qui s'élance dans les herbes folles, cette fleur qui éclot, ce faon qui vous regarde d'un air bovin mais heureux, cette fille en petite robe noire à la posture douteuse.

(Bon en réalité il y a beaucoup plus d'obscurité et de sueur en jeu que ces images ne veulent bien le laisser croire, mais on sous-estime la poésie pourtant infinie des papiers de préservatifs jonchant le parquet au pied du lit comme autant de pétales de rose).  

Je vis en petite tenue, je me nourris de croissants, je bois du thé lovée sur le canapé en le regardant jouer au tennis avec son chat et je suis une fille comblée.  

Il n'est évidemment pas exclu que je me mange une bonne ère glacière dans la gueule avant la fin de la semaine, auquel cas - on est bien d'accord ? - on regardera tous ailleurs l'air blasé et on évincera cette histoire d'un geste désinvolte en soutenant froidement que je n'y ai jamais cru. 

Mais en attendant, si vous le voulez bien, je vais garder ce petit air bête qui me va si bien.