mercredi 12 novembre 2014

Bombay baby n°2

Ou la suite du récit de mes aventures trépidantes au loin, tout là bas dans ces contrées exotiques où c'est pas pareil que chez nous dis donc.



L'autre jour, BB et moi au café, retrouvailles après mon séjour de deux semaines en Inde.
BB : Bon alors un mois au Rajasthan en juillet avec Lady V et toute la clique ?
Moi : Ben ouais mais le truc c'est que juillet c'est la mousson, c'est pas exactement le moment idéal pour y aller...
BB : Ah merde, t'as raison, j'avais pas pensé à ça. Et la mousson en Asie y a plein de moustiques c'est la mort.
Moi : Le moment idéal pour y aller c'est Noël ou février. Au pire on part que deux semaines, c'est bien aussi. Moi là je suis partie deux semaines et j'ai l'impression d'être partie deux mois, sincèrement. On peut y aller en février. Ah non t'es au Chili. A Pâques ? Ah non tu seras repartie faire le tour du monde, non ? Dammit. Bah au pire on a toute la vie pour aller au Rajasthan, hein. Février 2016 ? 
BB : Mais non ma chérie, si on veut partir c'est maintenant ! Moi je fais des mômes, après !

Mon Dieu... Tout va tellement vite.
BB vient de s'installer officiellement avec la femme de sa vie. Elles se marient en juin. Puis elles partent six mois faire le tour de l'Asie et en rentrant elles font un enfant.
Tout va tellement vite. 
Pfiou. Flippant. 

Mais reprenons. L'Inde.


Aparté : Oui je sais je n'écris plus jamais, je m'en excuse. Même Titiou Lecoq, qui a pourtant deux enfants, écrit plus que moi. Je sais. C'est pourquoi j'ai décidé de me comparer désormais davantage à Wandrille. Oui parce que Wandrille, lui, il n'écrit jamais sur son blog - blog pourtant intitulé Toujours un Truc à Dire - et ce peut-être parce que, comme moi, il n'a pas toujours des trucs à dire, justement. (Le fait de n'avoir rien d'intéressant à raconter m'a rarement arrêtée jusqu'ici, vous allez me dire, mais bon). (Wandrille, de son côté, est par ailleurs en fait diantrement prolifique sur sa page Twitter où il dit bien des bêtises à longueur de journée, mais là encore, passons). Tout ça pour dire que ces derniers temps j'ai 1) moins de temps pour écrire (j'ai en effet décidé de me consacrer davantage à la vraie vie et de passer plus de temps à agir sur le monde mater des films à poil au lit avec mon mec) et 2) moins de trucs passionnants à raconter (rapport peut-être à toutes ces heures de glande intersidérale écoulées dans les bras de l'amour, mais il ne faut jurer de rien).

Bref. L'Inde.


Je suis rentrée il y a deux semaines déjà et c'était la première fois de ma vie que je rentrais à Paris sans me dire que "pouah, Paris c'est dégueu, pollué et stressant".
Ca m'a perturbée.
C'est que, voyez-vous, l'Inde, ça vous désordonne les références. Un peu comme quand la température est tombée à 30°C la deuxième semaine de mes vacances et que pour la première fois de ma vie je me suis dit que 30°C, c'était la fraîcheur à l'état pur. (Même que quand la température est tombée à 28°C j'ai pris ma première douche chaude du voyage, parce que pfiou, il faisait frisquet, un peu).
Eh ben pour le retour à Paris, c'était pareil. Je suis arrivée à Paris un samedi soir, j'ai pris une grande inspiration d'air pur, j'ai écouté le doux bruit sourd des voitures sur le boulevard, et j'ai eu un peu la même sensation que quand j'arrive chez moi au bord de la mer en Bretagne après six mois à Paris. Vraiment. Comme quoi, tout est relatif.
Non parce qu'entendons bien : j'ai adoré - adoré - Bombay. C'était un des plus beaux voyages de ma vie. Mais y a rien à faire, c'était un voyage fatigant. Parce que je passais plusieurs heures par jour à marcher dans la ville, qu'il faisait chaud, et que Bombay c'est une ville très peuplée, active et bruyante, avec, j'en ai déjà parlé, des bus, des motos avec des familles de cinq dessus, des voitures, des rickshaws et des passants partout qui vont dans tous les sens, le tout dans la chaleur et un nuage permanent sur la ville de pollution et de poussière qui fait que le soir quand tu te démaquilles ton coton est noir (alors qu'à Paris, il est juste gris).
Ce qu'on appelle une grande ville, donc. Quelques chiffres pour illustrer : En 2011, il y avait 12 478 447 habitants à Bombay. Une ville de 603 km carré. (Au même moment, Paris intramuros comptait 2 200 habitants pour une superficie de 105 km carré).
En fait, Bombay compte tout juste un peu plus d'habitants que "l'aire urbaine" de Paris, à savoir toute l'Ile de France et une partie des régions qui l'entourent. Sauf que cette aire urbaine fait 17 175 km carré, soit 28 fois plus que Bombay intramuros.
Bref, tout ça pour dire que Bombay, c'est une très grosse ville.
Dans les faits, cela dit, il n'y a pas tellement plus d'habitants au kilomètre carré qu'à Paris intramuros (j'imagine d'ailleurs que j'aurais été tout aussi claquée si j'avais fait deux semaines de tourisme à Paris). La densité de population est la même, donc (environ 22 000 habitants au kilomètre carré) (oui je sais ça fait flipper). Sauf que 1) Bombay c'est six fois plus gros que Paris et 2) en plus j'y étais en pleine semaine de Diwali.


Diwali, c'est - en gros - le nouvel an indien. C'est une semaine de fête nationale. La fête elle-même dure cinq jours, qui sont donc fériés, et du coup 1) tous les Indiens sont en vacances et viennent à Bombay faire du tourisme et 2) ils sont tous dehors le soir parce qu'il fait chaud et que c'est la teuf (pour Diwali, on tire des feux d'artifice tous les soirs pendant cinq jours).
Disons en gros que j'étais à Bombay la seule semaine de l'année où c'est le 14 juillet tous les soirs. (Quoique y a aussi la fête où on se jette des pigments à la gueule dans tout le pays et où tout le monde finit rose et bleu - fête qui a l'air pas mal, aussi, niveau bordel).
C'était une semaine fantastique, hein, loin de moi l'idée de me plaindre, je suis ravie d'avoir vécu ça, mais ça explique aussi pourquoi j'ai trouvé Bombay aussi surpeuplé.

Mais revenons-en à Diwali :
Diwali, en gros, c'est le nouvel an pour les hindous (et les sikhs et les jaïns). On l'appelle la fête des lumières parce que pour Diwali, on tire des feux d'artifice et on allume des lampions de couleur dans toute la ville. Ces lumières sont censées éclairer le chemin pour le retour de Rama, un roi hindou et avatar de Vishnu qui dans la mythologie hindoue serait revenu en héros après 14 ans d'exil (pourquoi, comment, ça j'ai pas bien compris, mais bref, c'est une fête très importante).


Pour cette nouvelle année, on fait la fête, on s'offre des cadeaux et on prie toutes sortes de dieux - en particulier Lakshmi, la femme de Vishnu, qui est la déesse de la richesse intérieure et de la richesse tout court. Les gens la prient et lui font des offrandes (des fleurs, surtout) pour qu'elle leur apporte richesse et prospérité pour la nouvelle année qui commence. J'ai été au temple le jour de Diwali où on prie Lakshmi (elle a apparemment un jour à elle) et j'ai fait la queue une heure entière pieds nus dans un océan de saris multicolores (les femmes font la queue séparément des hommes) avant de pouvoir atteindre l'autel et me faire poser un bindi en pigment orange sur le front, c'était super. Il y avait un monde terrifiant et on nous faisant avancer comme du bétail, un peu comme pour Space Mountain, et puis le mec a foiré mon bindi parce qu'il y avait tellement de monde qu'il me l'a fait super vite et de loin (ouin) mais c'est pas grave, c'était top.


Pour Diwali, les gens ornent tous leurs fenêtres de petits lampions colorés, dessinent des sortes de petites rosaces colorées en pigments purs partout sur le sol dans la ville, font brûler des bougies entourées de fleurs chez eux et dans des petits temples improvisés aux pieds des arbres en pleine rue, et collent des petits pieds de Lakshmi devant leur porte pour signifier à la déesse qu'elle est la bienvenue chez eux (un peu comme quand on ouvre la fenêtre de sa chambre la nuit pour dire aux vampires d'entrer) (vous fermez bien votre fenêtre la nuit, dites ?) (pas de blague, hein ?).
Bref, c'est super beau. Et le grand soir de Diwali, à la fin des cinq jours, on tire des feux d'artifice dans toute la ville et surtout sur Marine Drive, la grande avenue le long de la mer, qui est blindée de monde (surtout des hommes - c'est impressionnant à quel point on voit plus d'hommes que de femmes, dans cette ville). Les enfants allument des pétards, font brûler des petits bâtons qui envoient des étincelles (comme les trucs qu'on met sur les gâteaux pour les anniversaires) ou encore lancent dans le ciel des lanternes lumineuses (avec une bougie dedans) qui, une fois décollées, montent dans les airs comme des ballons. C'est magnifique.


Ce jour-là comme les autres jours, il m'a semblé encore une fois être davantage prise en photo que les feux d'artifice eux-mêmes, ce qui était pour le moins déroutant, mais ça n'en était pas moins somptueux.

Oui parce que, aussi étrange que ça puisse paraître, les indiens adorent prendre les étrangers en photo. Ou plutôt se prendre en photo avec des étrangers (certains me fourraient carrément leur bébé dans les bras pour prendre une photo, sans prévenir). (Quoiqu'il arrive également fort souvent qu'ils demandent à être pris en photo seuls, parfois même sans demander à voir la photo après coup, juste pour le plaisir d'avoir leur image dans l'appareil d'un inconnu (?!)).
Mais surtout, ils veulent se prendre en photo avec toi. J'en ai parlé dans mon premier post, j'avais trouvé ça rigolo. Au bout de deux semaines, ça me faisait moins marrer. Surtout quand j'ai réalisé que quand ils me voyaient, ils sortaient immédiatement leurs appareils photo avec une excitation qui n'allait pas sans rappeler la mienne quand je voyais un macaque (j'ai pris beaucoup de photos de macaques).



Les macaques, c'est - en fait - pas gentil du tout. 
Un macaque, ça te fonce dessus dès que tu as le malheur d'avoir un truc à la main et ça te pique tout ce que t'as (surtout si ce que tu as se mange ou se boit), et ce sans trop de difficulté parce que je vous assure que quand un singe te fonce dessus, tu lâches ce qu'il convoite en deux-deux avant de détaler sans demander ton reste. (Bon, ensuite il galère un peu pour boire les bouteilles qu'il a piqué, mais c'est une autre histoire).


J'avais un peu l'impression d'être un animal dans un zoo, donc.
Cela dit, j'ai moi-même pris beaucoup de gens en photo juste parce qu'ils étaient indiens et donc exotiques pour moi (surtout des femmes, elles sont si belles avec leurs saris de toutes les couleurs), et ce sans toujours leur demander la permission, donc qui suis-je pour me plaindre ? Petite japonaise que je suis (j'ai pris un petit total de 1500 photos), j'ai par ailleurs bien profité du fait que - contrairement aux gens dans la plupart des pays - les indiens aiment être photographiés.
 

Pas tous, cela dit ;)

Mais c'était moi la touriste et eux les autochtones : il semblait donc logique que ce soit moi qui veuille les photographier eux et non l'inverse.
Le fait qu'on me photographie ou du moins qu'on veuille sans cesse me photographier (j'ai vite fini par refuser) m'a d'abord surprise, ensuite amusée, puis pas mal agacée. Surtout quand j'avais dit "non" à un énième groupe d'ados qui voulaient une photo avec moi et que deux minutes plus tard je les choppais en train de poser à mes côtés pendant que je regardais ailleurs. Beaucoup d'enfants aussi venaient timidement me saluer et me serrer la main avant de repartir, ravis, un peu comme s'ils venaient de croiser Ronald McDonald.
Très étrange, cette sensation d'être une attraction. Si on retourne la situation, c'est un peu comme si, à chaque fois que je croisais un touriste chinois à Paris, je l'arrêtais pour faire un selfie avec lui sur mon téléphone portable.
En même temps, quand j'y pense, je n'aimerais pas tellement que des touristes demandent à me photographier à Paris non plus. Or, je me suis, moi, permis de photographier un monde fou. Ils avaient généralement l'air soit ravis, soit indifférents, mais finalement ils auraient été en droit de trouver que c'était moi qui les prenais pour des bêtes de foire.
Bref. Les indiens à qui j'ai parlé de cet intérêt fou qu'on me portait dans la rue m'ont dit que c'était pour pouvoir ensuite montrer les photos aux gens et leur raconter que j'étais "leur amie française" - mais en quoi est-il si valorisant d'avoir une amie française ? Et puis si le pays entier s'adonne à cette petite supercherie, ça perd un peu de son intérêt, non ? Ils doivent en avoir un paquet, tous, des amis étrangers fictifs, à ce rythme là.
Bref, encore une fois, petit choc des civilisations.

Les indiens m'ont donc à force un peu gonflée avec leurs histoires de photos. Mais à part ça, absolument personne ne m'a "emmerdée" - au sens "se faire emmerder dans la rue" - de quelque façon que ce soit.
Je vous ai dit dans mon dernier post que j'avais montré mes épaules, les premiers jours, en me promenant en débardeur, et que ça n'avait semblé gêner personne. Eh bien quand Lady V - qui a habité à Bombay pendant quatre ans il y a maintenant quelques années - m'a rejoint au bout d'une semaine, elle m'a grondée comme une enfant : montrer ses épaules, en Inde, ce ne serait pas acceptable. Elle m'a affirmée que pour un indien, si je montre mes épaules, c'est que je suis une pute. Et une pute gratuite, qui plus est. Point. Que me promener en débardeur à Bombay, c'était comme prendre le RER en petite culotte à Paris (ce que semble, vous en conviendrez, assez osé).
Or, je m'étais sentie beaucoup moins nue en montrant mes épaules dans les rues de Bombay qu'en portant, disons, une jupe courte - et par là j'entends au dessus du genou - en été à Paris. (Ce que je n'ai pas fait depuis bien des années et ne ferai plus jamais de ma vie, croyez-moi). Je n'avais vraiment pas eu l'impression d'être regardée comme si j'étais à poil, pas du tout comme ce jour à Istanbul il y a presque dix ans où j'ai dû rentrer à l'hôtel pour me changer tant ma jupe au niveau du genou me valait de regards réprobateurs voire agressifs.
Mais qu'importe, Lady V a réussi, en l'espace de deux minutes, à me faire me sentir plus nue et exposée que tous les indiens de Bombay en une semaine. Et je ne mets pas sa parole en doute : elle parle hindi, elle a vécu en Inde, elle sait ce que les mecs disent des occidentales en tenue légère derrière leur dos. N'empêche que, si je me suis couvert les bras après son arrivée, c'est finalement davantage pour éviter son regard désapprobateur à elle que celui des hommes indiens qui, s'ils n'en pensaient pas moins, ne m'ont pas donné le sentiment qu'ils me jugeaient. Les femmes non plus, d'ailleurs.
J'ai demandé à des indiens de notre âge (des potes d'une française qui habitaient là) si les gens allaient vraiment penser que j'étais une pute si je montrais mes épaules dans la rue, et ils ont tout les deux démenti. Mais ils parlaient évidemment en leur nom de riches petits hipsters indiens et occidentalisés. L'un d'eux m'a ensuite confirmé que l'indien lambda risquait en effet de juger que j'étais une petite traînée occidentale si je montrais mes épaules. Donc bon. Ca a probablement été le cas. Ok. Mais je ne peux soutenir qu'une chose : on ne me l'a pas fait sentir.
C'est peut-être que, finalement, j'avais moins l'air d'une traînée que ce à quoi ils auraient pu s'attendre, vu l'image des femmes occidentales - ou du moins occidentalisées - véhiculée par leurs films. Illustration :


Ceci est une image de Queen, le film que j'ai vu à l'aller dans l'avion. 
A gauche, la franco-indienne occidentalisée qui accueille l'héroïne à Paris : elle a un grand coeur mais fume, boit, est tout le temps à poil, et couche avec tout le monde.
A droite, la petite indienne pur jus qui prend doucement son indépendance : elle s'émancipe pendant le film, mais sans jamais montrer ses jambes, hein, parce que bon, quand même. (Cela dit, montrer tes genoux quand tu ne l'as jamais fait ou n'as jamais vu personne le faire, je conçois que ça revienne un peu à montrer ses tétons en pleine rue pour une française, hein).
Du coup, maintenant que j'y pense, je m'étonne de n'avoir pas reçu davantage de regards réprobateurs - mais à cause du surplus de tissu sur mes jambes, surtout. Ils ont dû être déçus...

Bref, voilà pour la seconde moitié de mon récit de voyage.
(To be continued). (Quel suspense).


mardi 21 octobre 2014

Bombay baby



Il est 19h30, heure de Bombay. Chez vous, il est 16h.
Je suis affalée sur mon lit - enfin sur le lit de l'ami de Lady V qui m'héberge (sauf qu'il est pas là, il est en train de faire l'ascension du Kilimandjaro) (on vit des vies difficiles, tout de même).
Je suis affalée sur mon lit et - miracle - enfin ! - j'écris.
Je me porte comme un charme, pourtant. Juste, j'ai très chaud. Très très chaud. Il fait 38 degrés, ici. Quand je suis sortie de l'aéroport, j'ai cru littéralement entrer dans un hammam. Je crois bien que jamais de ma vie je n'avais évolué par 38 degrés. Ce genre de chaleur où tu es trempée à peine sortie de la douche (froide, la douche, bien sûr - qui utiliserait le chauffe-eau par cette chaleur ? - sauf qu'il fait tellement chaud que même l'eau froide est chaude). 
Je suis sur mon lit, donc. J'ai chaud mais heureusement il y a la clim' et le ventilateur, qui tourne comme un sonneur au dessus de moi (oui c'est mon nouveau truc, depuis cet été : reprendre "comme un sonneur", "comme un pou", "comme un sou neuf", "comme un camion" et les placer n'importe où) (on s'amuse bien dis donc huhu). Et je mange de la grenade (une invention de con, la grenade : c'est bon, hein, mais c'est quand même le fruit le plus malpratique à manger du monde - même que je viens d'en foutre partout) en buvant du jus de coco.
Ce sera mon dîner (la grenade et le jus de coco). Oui, parce que voyez-vous, par cette chaleur, t'as jamais faim. Donc tu te nourris de fruits, de crudités, et de jus de fruits. Du coup, même si tu fais très attention et que tu n'ingères aucune méchante bactérie, eh ben ton ventre finit par douiller. Ben oui. Forcément. Mais la bonne nouvelle c'est que je vais revenir mince et bronzée, et ça, c'est bien. (Après deux semaines où mon sex appeal aura frôlé les -20 mais bon, ça, Will ne sera pas là pour le voir). (Will. C'est son nom. Mais nous y reviendrons dans un autre poste). 

Je suis à Bombay, donc, et je suis ivre de bonheur. Vraiment. C'est magnifique magnifique magnifique, j'en reste baba. (Oui je reconnais que "j'en reste baba" ça sonne vieillot, mais ça m'est venu naturellement et je refuse de censurer mes élans de désuétude).
Je suis ravie.
Du coup vous pourriez me dire que qu'est ce que je fous dans une chambre à bloguer alors que Bombay by night me tend les bras, mais je vous répondrai que je suis déjà bien courageuse de n'être rentrée qu'à 18h30. Parce que le tourisme sous 40 degrés, voyez-vous, ça se fait par petits bouts. En effet, après plusieurs heures de marche sous le cagnard, tu ressembles davantage à un croisement entre un homard et un morceau de vieux cantal qui suinte qu'à la jeune femme fraîche comme la rosée du matin qui tu étais quelques heures plus tôt - du moins entre le moment où tu es sortie de la douche et celui où tu as ouvert le frigo pour y prendre une bouteille d'eau (ce qui représente, disons, un laps de temps de deux minutes).
Par conséquent, après quatre heures de marche, généralement, tu rentres chez toi. Or, rentrer chez soi n'est pas non plus de tout repos. Déjà parce qu'à Bombay ça prend une heure d'aller quelque part en taxi. Et aussi parce qu'une fois devant ta porte, tu n'es pas encore au bout de tes peines vu que tu en as pour un quart d'heure avant d'accéder à l'appartement (et à la clim'). Oui parce qu'à Bombay, il y a des cambrioleurs, et que du coup 1) il y a deux portes (on est jamais trop prudent) et 2) elles ont des cadenas en plus des serrures (just because you're paranoïd doesn't mean they're not out to get you). Ajoutez à ça qu'en Inde tu dois tourner la clef dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et comprenez que, si tant est que tu sois - comme moi - un peu lente, et qu'en plus tu t'emmêles les pinceaux entre les clefs, tu risques fort de finir par renoncer et par te mettre en boule devant ta porte pour y rester prostrée avec le vague espoir de survivre en buvant tes larmes.
Si tu parviens cependant à surmonter ce dernier obstacle, une fois à l'intérieur, tu te douches, tu mets la clim', et tu t'assois. Il est généralement 16h. Et là, tu as beau trouver ça très très très beau dehors, ben t'as qu'une envie c'est de rester là, au frais, au propre, jusqu'au lendemain matin. Tu ressors quand même, bien sûr, mais bon, disons que six heures dehors par jour à Bombay c'est un peu mon max. Et puis je suis en vacances, que diable. En plus, pour rendre ma glande-sur-canapé plus exotique, je mange des fruits chelou. Alors que demande le peuple ?

Bombay, donc. Que dire ? J'ai tellement de choses à raconter, déjà, au bout de quatre jours, que je ne saurais même pas par où commencer. 
Pourtant ça n'était pas forcément parti pour se passer super bien étant donné que 1) je ne peux pas manger épicé (j'ai même pas pu manger mon plateau repas dans l'avion) (genre la sauce au poivre qu'on sert en France avec le steak, déjà, c'est trop piquant pour moi) mais en même temps qui pourrait vouloir manger chaud et épicé par ce temps, je vous le demande ? et 2) je déteste avoir trop chaud et suer comme une vache (alors que tant de gens adorent ça...) (cela dit, je déteste ça mais pas autant que d'avoir très très froid) (qui a dit "emmerdeuse" ?).
Mais c'est pas grave, j'aime Bombay d'amour. Certes c'est un véritable capharnaüm. Le trafic ininterrompu des voitures, des taxis, des rickshaws et des motos qui klaxonnent sans relâche et manquent de t'écraser à tous les coins de rue, la cohue des passants qui défilent, la chaleur, la pollution, c'est fatigant. Surtout au début, cela dit. On s'habitue. (Quand je suis arrivée, j'ai pensé à tous ces gens qui disent qu'ils ne supportent pas Paris, que c'est une ville trop stressante, que ça les oppresse. Je me suis dit qu'ils devraient venir faire un petit tour à Bombay pour voir). C'est fatigant mais en même temps ça a quelque chose de très euphorisant toute cette vie trépidante, toutes ces couleurs, tous ces gens, et tous ces corbeaux qui font un boucan de tous les diables (je ne me censure pas, j'ai dit).

On m'avait prédit le pire : "Tu vas à Bombay ? Seule ? Mais t'as pas peur de te faire violer ?", "Oh la la fais gaffe tu vas attraper la tourista !", "T'as pris de la Malarone pour le palu ?", "Attention aux odeurs, il paraît que c'est pestilentiel, surtout dans le gares, les gens chient sur les voies", "Eh mais ils violent les femmes là-bas tu sais ?", "Tu vas revenir tu feras 45 kilos", "Prépare-toi il paraît qu'il y a des éclopés partout, que c'est super choquant", "Mais t'as pas peur de te faire violer ?".
Finalement, je me porte comme un charme, personne n'a encore attenté à ma vertu et la pauvreté, la saleté et les odeurs ne m'ont pas du tout assaillie et choquée autant que je m'y attendais. Il me semble que Bombay à cet égard n'est pas du tout pire que la Bolivie, l'Argentine pendant la crise, ou le Maroc (pays où je suis allée, donc). Il y a beaucoup de pauvres, oui, qui vivent dans de petits abris de bric et de broc dans la rue ou entassés dans d'énormes bidonvilles, et bien sûr dans ces coins là il y a plein d'ordures par terre et des chèvres ou des vaches qui font les poubelles, et certes c'est extrêmement choquant en soi, mais le plus choquant est peut-être que cette misère ne me choque pas plus que ça, pour y avoir été trop souvent confrontée. (Après tout il y a des bidonvilles et des familles entières qui vivent dans des tentes aménagées pas si loin de chez moi à Paris). Par ailleurs, pour en revenir à la saleté, la moitié de la ville est faite de bazars en plein air qui, forcément, sont un bordel phénoménal avec des trucs qui tombent des étals et souvent traînent par terre, mais pas davantage qu'au marché de Barbès Rochechouard en fin de journée, par exemple. Pour ce qui est des odeurs dans ces marchés à ciel ouvert, je suis peut-être dénuée d'odorat mais il me semble que les odeurs ne sont pas plus prégnantes qu'elles ne le seraient dans Paris par 40°C.
Sinon, le reste de la ville (le sud, c'est les beaux quartiers) est propre : il y a des gens en veste orange qui passent le balai et nettoient les rues jour après jour. Il y a des poubelles partout, et même des poubelles de recyclage oui monsieur. Certes les bâtiments sont - dans l'ensemble - mal entretenus voire délabrés, noircis par la pollution - certains tombent carrément en ruine - mais ça n'entraîne pas forcément que les trottoirs soient sales. Par ailleurs, une bonne partie de ces bâtiments sont de vieilles bâtisses datant de l'Empire, et ça, toute cette architecture coloniale qui s'effrite, ça a un charme fou.
On m'avait aussi dit que j'allais être harcelée par des mendiants et dévisagée par des hommes (et violeurs potentiels). Or je n'ai eu affaire qu'à très peu de mendiants (parce qu'il n'y en a presque pas, en fait : il y a plutôt plein de gens qui essayent de te vendre des petits trucs, mais ils ne t'alpaguent pas dans la rue, et, s'ils le font, ils te laissent tranquille si tu leur dis non), et les gens me regardent, certes, parce que je suis clairement européenne (et super bonne, aussi, n'oublions pas de le dire) (surtout là, avec ma casquette et ma peau blanche de crème solaire qui colle), mais ils sont tous dans l'ensemble très souriants, courtois et gentils. Je me sens parfaitement en sécurité. Je n'ai pas le sentiment que qui que ce soit essaye de me voler, m'abuser, m'arnaquer. Les taxis ont des compteurs, les articles à acheter des prix fixes, et tout le monde est charmant. Dans la rue, les gens m'ignorent, me sourient ou alors me disent carrément "Welcome to Mumbai" ou "Hello" en pleine rue, juste comme ça. De manière générale ils me sourient beaucoup. Mais c'est surtout parce que je prends des photos.
En effet, phénomène étrange, les indiens adorent qu'on les prenne en photo. Plus que ça : ils réclament. Ils posent, ravis, quand tu les prends par toi-même, puis demandent ensuite à voir la photo, ou alors ils viennent carrément te voir pour te demander de les prendre (ou bien - plus étrange encore  - pour te demander de prendre leur pote). Et ça n'est pas du tout parce que la photo est un truc exotique pour eux, je vous arrête tout de suite. Non parce qu'une fois sur deux, ils sortent ensuite leur smartphone pour prendre une photo d'eux avec toi. Une fois, y a même un mec qui m'a abordée (c'était mon premier jour, j'étais à la Porte de l'Inde, un des trucs les plus emblématiques de Bombay) pour me demander si je voulais bien que son pote le prenne en photo avec moi. J'étais là en touriste, à l'autre bout du monde, dans un lieu hautement touristique, et c'était moi qu'on voulait prendre en photo. C'était rigolo.
Et sinon non, les hommes ne me dévisagent pas particulièrement, alors que - tenez vous bien - je montre mes épaules. (Vous imaginez porter des manches longues par 38°C, sérieusement ?). Normalement, ça devrait attirer les regards. Mais pas vraiment. (Cela dit, je vous interdis de douter de la valeur érotique de mes épaules). En même temps j'ai vu pas mal de filles les montrer aussi, donc ça n'est pas si inacceptable que ça. Des filles, je précise. Pas des femmes. Il n'y a que les adolescentes pour porter des t-shirts sans manche et/ou des slims moulants (et les t-shirts ne sont parfois même pas assez longs pour cacher leur petit cul moulé dans leur pantalon). Mais bon, elles restent une minorité. Comme les petits couples - d'adolescents, encore - qui se tiennent la main et se bécotent à l'ombre des arbres dans les parcs ou au bord de la mer. J'en ai vu, mais peu. J'en ai finalement vu moins que d'hommes qui se tenaient la main dans la rue. Oui car, aussi étrange que ça puisse paraître, les hommes indiens - pourtant à priori assez macho (quoique je suis un peu perdue, les hommes indiens seraient - à en croire les gens - à la fois de gros misogynes homophobes et des mecs pas très virils) - ne voient aucun inconvénient à se tenir la main dans la rue. Ce qu'on ne verra jamais en France, on est bien d'accord (je parle de mecs hétéro, évidemment). Ni dans aucun autre pays de ma connaissance, à priori. (Déjà qu'au Portugal j'avais été déroutée de voir que les jeunes mecs acceptaient de tenir la main à leur mère dans la rue). Bref, choc des civilisations. En Inde t'as pas le droit de tenir la main à ta nana mais à ton pote tu peux.
Par ailleurs, en parlant de conservatisme et de libération des moeurs et tout ça, dans l'avion ils proposaient plein de films Bollywood avec des pitchs super libéraux : un d'entre eux racontaient l'histoire de deux nanas qui, malheureuses dans leurs mariages respectifs, devenaient très amies avant de tomber amoureuses (!). Un autre (que j'ai regardé) racontait l'histoire d'une jeune indienne qui, abandonnée juste avant la cérémonie par son fiancé, décidait de partir quand même toute seule à Paris et Amsterdam (séjour prévu pour son voyage de noces) et finissait par se libérer, faire la fête, dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas, partager une chambre dans une auberge de jeunesse avec trois hommes inconnus et même embrasser l'un d'entre eux sur la bouche ! Bref, le cinéma indien s'encanaille. Il y avait un certain nombre de petites comédies de ce genre là, qui avaient l'air assez chouettes. Il y avait aussi de vrais films de Bollywood, mais j'en ai pas encore vu. Il faudrait que j'aille au cinéma. Pas pour voir tout le film - les films durent mille ans et il paraît que de toute façon les indiens eux-mêmes entrent et sortent sans cesse des salles de cinéma en pleine séance - mais pour voir l'ambiance, au moins.
Quoi d'autre ? Ils ne parlent dans l'ensemble pas du tout anglais, en fait. Du moins pas les marchands de petites échoppes de rue et les chauffeurs de taxi, qui sont quand même les indiens à qui j'ai le plus souvent affaire. Ca ne pose cependant pas tellement problème, on baragouine et on s'en sort. (Parfois ça n'empêche absolument pas le chauffeur de te faire une visite guidée de la ville - enfin du moins je crois que c'était une visite guidée - en Hindi, comme si tu y comprenais quelque chose. Ce qui est assez mignon). Le plus gros problème, finalement, quand tu prends le taxi, ça n'est pas la barrière de la langue mais de faire comprendre où tu vas. En fait, les taxis ici n'ont pas de GPS (incroyable mais vrai) et ne connaissent pas non plus les noms de rues par coeur (vous imaginez le nombre de noms à apprendre). Du coup, il faut pouvoir leur indiquer un spot connu à côté de là où tu vas, ils t'y déposent, et ensuite tu te démerdes. Moi c'est facile, je ne vais que dans des endroits super connus et après je me perds avec mon plan (oui, je me perds "avec mon plan") (parce que j'aime pas me perdre pour de vrai, mais aussi parce que, vu que les noms de rue ne sont écrits nulle part, avec un plan tu te perds quand même), mais les vrais indiens qui vont dans des lieux un peu moins évidents, je me demande comment ils font. Mais je dois sous-estimer les chauffeurs de taxi. C'est juste que l'autre jour j'ai demandé à un rickshaw (un touktouk) de m'emmener dans un restaurant à priori connu et qu'il m'a dit ok, tout ça pour finalement me laisser me rendre compte toute seule qu'il n'allait pas au bon endroit : du coup je lui a demandé s'il savait où il allait, il a dit que non, et j'ai dû le payer avant d'aller errer dans la nuit à la recherche de ma destination. Un truc qui, je l'espère, n'arrive pas trop souvent, parce qu'avouez que c'est rageant.
Bref, voilà mon récit de voyage pour l'instant. Par ailleurs, j'ai déjà pris plusieurs centaines de photos dont je m'apprête à publier une (grosse) sélection sur la page Facebook du blog (page au nom de Bayane Mosby où je ne vais en réalité jamais à part pour poster mes nouveaux "articles" et informer ainsi mes lecteurs qu'il y a du nouveau à se mettre sous la dent). Je ne peux en aucun cas les publier ici, il y en a beaucoup trop et puis j'ai une page Facebook et ce serait bête de ne pas l'utiliser. En plus je commenterai toutes les photos avec des petites anecdotes, et ça, avouez que c'est beaucoup de bonheur.
Pour ceux qui rechigneraient à me demander comme amie - car il s'agit d'une page privée - je tiens à préciser que dès que quelqu'un me demande en amie je m'empresse d'aller sur sa page pour cocher que je ne veux pas le ou la suivre ou voir ce qu'il ou elle publie dans mon fil d'actualité. Pas que je ne m'intéresse pas à vous, lecteurs chers à mon coeur, mais parce que je tiens à respecter votre anonymat autant que vous respectez le mien. Y a pas de raison. Et puis aussi parce que je ne stalke pas les gens sur Facebook, de toute façon. J'ai d'ailleurs il y a déjà plus d'un an demandé - et je parle de ma page personnelle - à ne plus voir ce que publiaient les gens.
Mais nous parlerons une autre fois de ce qui m'a motivée à "arrêter Facebook". Dans un autre post, donc. Nous parlerons aussi de comment Najat Vallaud-Belkacem a sniffé de la colle et de comment j'ai trouvé l'amour sur Adopte un Mec (si). Mais en attendant, petits impatients, je vous propose de découvrir mes magnifiques photos sur Facebook - magnifiques photos sur lesquelles j'abandonne donc tout droit pour vos beaux yeux, hein, notez-bien. (Alors que j'aurais tellement pu faire fortune avec, hum).
Et par ailleurs je tiens à préciser que j'écris aujourd'hui au quatrième jour de mon voyage, et que les 180 photos (j'ai été forte, j'ai fait un tri) que je m'apprête à publier ne sont qu'un début.
Bon voyage !



PS : Je vous fais un bisou d'Inde. (Un croisement entre un bisou et une dinde).
(Cette blague est une référence à ce petit 6e qui m'a dit un jour qu'il avait toujours pensé que le cochon d'Inde était un croisement entre un cochon et une dinde - ça m'avait fait beaucoup rire - mais comme j'en ai parlé dans ce blog il y a désormais fort longtemps j'ai cru bon d'expliquer ma blague. Ce qui par ailleurs est un lamentable aveu d'échec, mais passons). 

vendredi 17 octobre 2014

Je suis en retard en retard...


Chers lecteurs, 
J'aimerais écrire, j'aimerais sincèrement écrire, ça me manque et en plus j'ai tout plein de trucs à dire, mais en ce moment je travaille beaucoup (incroyable mais vrai), et puis j'ai trouvé l'amûûr et l'amûûr c'est très time-consuming, et puis là je pars à Bombay dans quelques heures et du coup j'ai pas le temps pas le temps pas le temps. Mais je ne vous oublie pas, je suis là, et j'écris en rentrant. Je trouverai le temps. Je renoncerai à forniquer une soirée, comme ça, un jour, rien que pour vous, c'est promis. A moins que je ne tombe très malade à Bombay et que je vous écrive de là-bas, un soir, à l'agonie (les petits plaisirs de la vie). Ce sera la surprise.
D'ici là, profitez-bien.
Des bisous.

dimanche 7 septembre 2014

Euh... J'ai pas de titre.


Me revoilà !
Deux mois de silence, je sais.
Je vous demande pardon.

C'est que, à l'instar de Titiou Lecoq, j'ai été très occupée à accoucher et à écrire un livre.
(Non, je déconne).

(Quand j'ai commencé à écrire ce blog, Titiou Lecoq - que je suivais depuis un ou deux ans déjà - venait de publier un livre et d'accoucher de son premier enfant. Ca m'avait foutu un coup. Et là, rebelotte. Je m'absente deux petits mois de rien du tout, je rentre tranquillement de vacances et BAM. Je ne peux plus tourner la tête sans que cette femme me fasse des livres et des bébés dans le dos. Ca commence à bien faire, que diable). 
Pas de bébé et pas de livre de mon côté, donc. (C'est à se demander ce que je fous de mes étés).
(Pour le bouquin, j'ai bien essayé mais, comme pour BritBrit, ça s'est avéré laborieux).

Du coup, aujourd'hui, dans la salle des profs, je n'ai pas pu jouer avec mes collègues :
Gaëlle (nous montre une photo sur son iphone) : C'est ma fille, regardez. Elle ressemble pas trop à Michel Galabru, sérieusement ?
Hélène (hilare) : Mais graaave ! Hahaha. Attends regarde regarde (sort son iphone à elle) : la mienne elle ressemble à Jacques Villeret !
Mais bon, ça n'est que partie remise.
(Avec un peu de chance, ma fille ressemblera à Charles Pasqua).

C'est que, voyez-vous, cet été, moi, j'étais à la plage.
(Très malpratique pour écrire et pour accoucher, la plage).
Résumons :
En juillet, je suis partie en Bretagne avec mes amis. On a nagé, fait des barbecues, pris l'apéro dans le jardin, on a fait des gnocchi maison et joué à se mimer des trucs comme "Tata Yoyo qu'est ce que tu caches sous ton grand chapeau ?", Charlie a montré sa bite, Lady V a montré ses seins, - bref, les vacances.
Ensuite, en août, je suis allée dans les Pyrénées, c'était beau et j'ai vu des marmottes.
Voilà.

J'ai aussi passé une semaine avec ma tante californienne scientologue qui n'aime que les grosses productions américaines qui tachent, se nourrit exclusivement de salade verte nature, de graines et de pilules magiques (parce que le reste, c'est mauvais pour toi), ne croit pas à la psychanalyse et pense qu'on peut cesser d'être maniaco-dépressif ou toxicomane par la seule force de sa volonté (et, j'imagine, avec l'aide de la scientologie et des oligo éléments). Mais passons sur ce sujet délicat.


(Sur la scientologie, je conseille ce documentaire sur Youtube. Et ça. Ca résume bien).

Bref. De bonnes vacances loin de Paris, donc.
Et puis, au bout de deux mois, je me suis dit que ça commençait à bien faire tout cet air pur et je suis rentrée me faire un petit shoot de gaz d'échappement avant de reprendre le chemin de l'école.


Pour l'instant, ça se passe bien. 
(En début d'année, on a toujours la folle illusion d'avoir de l'autorité et de maîtriser à mort).


Dans l'ensemble, donc, les élèves sont, pour l'instant, très mignons.
J'ai déjà appelé ma première parent d'élève, cela dit.
(Rien de grave, juste pour marquer le coup parce que, dès le premier jour, la gamine avait été relou).
Je suis tombée sur le répondeur.
Et là : message d'accueil : appel à la prière. Chant de muezzin, donc.
Pendant un minute vingt top chrono.
(J'ai chronométré). (J'ai cru que ça ne s'arrêterait jamais).
Pfiou.
Welcome back.  
(Imaginez tomber sur un répondeur et attendre une minute vingt qu'un prêtre ait fini de commenter un point des Evangiles avant de pouvoir laisser votre message. Non mais allo, quoi). 

Mais sinon, tout s'est très bien passé.
J'ai retrouvé mes petits élèves de l'année dernière (certains ont mué pendant l'été, c'est super impressionnant), j'en ai rencontré des nouveaux, et - rituel toujours - je leur ai fait remplir l'incontournable petite fiche de début d'année histoire de me mettre en jambe.

Extrait :
Quelles sont les matières que tu aimes le moins ? Toutes.
Pourquoi ? Parce que.

 Help them get new clothes.

Sinon, ce début d'année scolaire arrive avec son lot de désagréments pour le corps enseignant (qui rentre de deux mois de vacances et est par ailleurs mal placé pour se plaindre, je sais), comme par exemple le fait que la plupart des profs TZR ou contractuels sont sur deux voire trois établissements (et se préparent pour une année d'aller-retours constants, en bus, de banlieue à banlieue), que plusieurs des nouveaux stagiaires n'ont pas de tuteur et doivent se démerder à temps plein tout seuls, ou encore qu'il y a eu de nouvelles coupes dans le budget et que cette année il n'y aura plus de quoi financer les "clubs" de la pause déjeuner (ce que je déplore MAIS, cela dit, le bon côté c'est que cette année notre hiérarchie va arrêter de nous reprocher de n'être pas "investis" sous prétexte que notre seul projet pour l'année est de faire cours) (Tous les ans, en début d'année, on est convoqués pour présenter nos "projets", et, lors de cette réunion, dire que tu prévoies de faire cours et de boucler le programme, étrangement, ça fait pas sérieux. Ce qu'il faut, pour être bien vu, c'est organiser un club cirque ou un club théâtre. Ca m'agace prodigieusement). 
Heureusement, pour nous consoler, le Rectorat nous a fait cadeau d'un nouveau gymnase et d'un nouveau prof de SVT).


A ce propos, je suis tombée sur cette émission l'autre jour, et j'ai eu un peu froid dans le dos avant de réaliser que c'était un fake : L'Homme qui était prof de SVT. Du coup j'ai écouté un peu les archives de A votre écoute coûte que coûte, et j'ai bien ri.

Sinon, rien de nouveau sous le soleil.
Mon père a enfin retrouvé l'amour à 63 ans, Lady V vit le grand amour avec Choupi, Flo vit le grand amour avec son mec à qui j'avais trouvé un super pseudo sauf que je l'ai oublié, et BB vit le grand amour avec une fille qu'elle a rencontrée il y a deux semaines.
BB (très sérieuse) : J'ai longtemps cru que ce n'était pas la femme de ma vie. Mais j'en suis revenue.
(J'ai ri).
(On dirait moi).

Moi, pendant ce temps, je vis le grand amour avec Nala, que j'ai dernièrement du mal à approcher sans finir en sang (une belle métaphore de l'amour, j'ai envie de dire), ce qui rend la cohabitation dans trente mètres carrés un chouia compliquée.
C'est bien simple, je suis un peu comme une bébé gazelle traquée par une lionne en pleine jungle (une jungle de 30 mètres carrés, donc). Plusieurs fois par jour, elle m'attaque sans crier gare et me mord de toutes ses forces avant d'essayer de repartir avec ma dépouille pour la planquer dans un coin (la baignoire - c'est là qu'elle stocke tous ses butins) et, je présume, la manger plus tard. Warning : ne laissez jamais un chaton jouer avec votre main. Au début c'est tout petit avec des petites dents, ça fait pas mal, c'est pour jouer, c'est mignon. Un an plus tard : il vous démonte la gueule. 

Pas d'histoire de mec, donc.
BB et moi, on a bien envisagé de lancer une attaque au bar de la plage cet été (BB : "Tu prends le serveur, je prends la serveuse. T'attaques par le nord, moi par le sud. Opération Epervier") mais finalement on a laissé tomber et on est rentrées boire du vin et manger des noix de cajou traquilou.
Par ailleurs, je me suis déboîté la mâchoire le jour de la rentrée quand j'ai vu arriver le nouveau prof de SVT en salle de réunion - Isidor a du souci à se faire -, mais à part envoyer un texto à Lady V pour lui dire que "Putain le prof de SVT je le prends je le retourne" (Oui. Pas classe. Je sais. Pardon), je n'ai pas fait grand chose.
C'est que je suis encore en jachère, d'une part. Et puis - soyons honnêtes - il a vingt-cinq ans.
Il fait deux têtes de plus que moi, il a une voix grave à se damner, il est gaulé comme un dieu, il est sympa, malin et il détourne les yeux d'un air espiègle puis se mord le bout de la langue dès que je dis un truc drôle (j'ai envie de le violer) mais il a vingt-cinq ans.
Il est né avant la chute du mur de Berlin, certes, mais tout juste. Et il faut que j'arrête les mecs nés après 1987. (Voire, pour bien faire, les mecs nés après 1981. Je sais. J'y travaille).
J'ai trente trois ans, que diable. (BB dirait qu'on s'en fout, bien sûr - elle a récemment eu une aventure avec une fille de 22 ans qui ignorait qui était Dalida (diantre) - mais je ne peux décemment pas faire des avances à un mec qui n'a pas connu le minitel et Elli Mederos). (Si ?).

Je vous rassure, ma vie amoureuse n'est pas complètement au point mort, puisqu'en ce moment je suis éprise de Josh Charles (Will dans The Good Wife). Malheureusement, je doute que cela fournisse beaucoup d'action pour la tenue de ce blog.
(A moins que je ne vous fasse encore une fois signer une pétition ?)
(Une pétition pour qu'il m'appelle sur mon portable et me susurre "Concupiscence" comme à Lara Flynn Boyle dans 2 Garçons, 1 Fille, 3 Possibilités)

Le Capitaine, lui, est retourné dans sa grotte pour rédiger sa thèse en grognant. (Je gage qu'à l'heure qu'il est, il se nourrit exclusivement de baies et de petits rongeurs).
(Le Capitaine n'était pas un garçon très sociable).
Souvenir :
Sa soeur : Hein ?! Rémi - l'ours - t'a offert des roses ?! Improbable !
Son pote : Non mais depuis qu'il est avec toi on sent que ça s'arrange, qu'il est plus domestiqué...
Rémi (Le Capitaine) : Et ta mère, elle est domestiquée ?!

Pas de scoop, donc. Si ce n'est qu'en octobre je pars à Bombay pour la Toussaint, donc préparez vous à un récit de voyage haut en couleur. Je serai seule, complètement perdue à l'autre bout du monde (non, c'est pas vrai, en fait je serai chez un pote de Lady V et ensuite elle me rejoint, mais si je le dis ça fait moins wild at heart, quoi), ça va être merveilleux.


Après quoi je pars - si tout se passe bien - en Guadeloupe en février puis à New-York à Pâques. 
On da road, baby. 

En attendant - moins exotique - je vous envoie quelques photos de Lourdes, où je suis passée cet été quand j'étais dans les Pyrénées.
Lourdes, la ville la plus sacrilège du monde, où piété rime avec porte-clef et Vierge Marie avec sandwicherie. Lourdes, temple du mauvais goût, sanctuaire de la consommation de grigri cheap, où les cartes postales du Saint-Suaire cohabitent avec les sets de table "La Prière du Chaton" (!), où les bureaux de change s'appellent Notre Dame de Lourdes et les fast food "Le Jean-Paul 2". Magique.
(Il y avait même un McDo dans le centre. On s'est demandé si on pouvait y avoir deux Filet O Fish pour le prix d'un. Rapport à la multiplication des pains et des poissons, tout ça).














Et c'est sur ce dernier titre que je vous laisse. (Pardon).
Bonne fin de journée à tous !

dimanche 29 juin 2014

Adopte un Chat



Chers lecteurs, bonjour.
Je n'ai pas écrit depuis mille ans, je le sais et je vous présente toutes mes confuses.
Je sais que vous avez passé les dernières semaines éplorés devant vos ordinateurs à réactualiser votre page tous les quarts d'heure dans l'espoir de voir un nouveau post de ma main (n'essayez pas de prétendre le contraire) (allez, soyez cool, quoi), mettant ainsi votre vie entre parenthèses, j'en suis consciente et croyez bien que j'en suis désolée.

C'est que j'ai été très prise par mon travail Un Village Français, Ian McEwan, Candy Crush, mon histoire d'amour, ma rupture, l'alcool en terrasse avec les amis pour oublier.
Bref, j'avais pas envie d'écrire parce que ça allait très bien, puis ensuite parce que ça allait moyen. 


Oui car le Capitaine, vous le comprendrez, a repris la mer. (Bon en vrai on s'est séparés juste après son retour définitif à Paris - avouez que c'est ballot - mais passons sur ce détail fâcheux, voulez-vous). Il a repris la mer, donc. L'appel de l'océan a été le plus fort, et il est parti un matin de juin, à l'aube :  l'aurore pointait à peine, le vent se levait et nos adieux étranglés se perdaient dans les cris des mouettes et le doux cliquetis des mats tandis que nos larmes se mêlaient à la brise et à la rosée du matin. J'ai coupé ma natte pour la lui remettre afin qu'elle lui porte bonheur lors de son long périple dans le lointain, et, mes cheveux serrés entre les doigts mais les yeux rivés vers le large, il est parti braver la mer sans se retourner. (Bon en vrai il est à Noisy-le-Grand chez ses parents et il rédige sa thèse, mais bon, hein, ta gueule on t'a dit). 


Cela dit, je vous rassure (je vois d'ici vos yeux remplis d'effroi devant vos écrans et cette perte soudaine de vos belles illusions) (comment ça s'appelle, déjà, cette figure de style ? Quand tu dis un truc du genre "Elle est partie en pleurs et en voiture" ?), nous sommes en très bons termes (nous communiquons par mouettes voyageuses interposées). No hard feelings.



Nous nous aimons beaucoup, nous ne renions rien et si c'était à refaire, nous le referions, mais nous savions tous les deux que notre relation ne marchait pas, que nous n'avions pas d'avenir, et nous en avons tiré les conséquences, non sans quelques larmes, mais avec la certitude grandissante de faire le bon choix. Voilà. Du coup je suis de nouveau célibataire.

Mais je trouverai quelqu'un tôt ou tard, je ne perds pas espoir.


D'abord égarée comme un chiot solitaire ayant perdu l'odorat, je me suis inscrite sur Adopte un Mec pour essayer de me rassurer sur le fait qu'il y avait d'autres hommes sur cette terre. (Idée stupide comme on en a si souvent après une rupture). (J'aurais pu me teindre les cheveux en blond platine, cela dit, voyons le bon côté des choses).
Erreur fatale, évidemment : il s'est avéré que les mecs du site n'arrivant pas à la cheville du Capitaine, ils me l'ont simplement fait regretter encore plus. Mais bon, une copine venait d'y rencontrer l'homme idéal (qui au bout de dix jours s'est avéré être une grosse tête de noeud mais c'est si bon de se tromper), elle m'avait vanté les mérites du site, et je m'étais dit qu'à défaut de me faire rencontrer l'homme idéal, ça aurait le mérite de me changer les idées.


Je me suis désabonnée au bout de dix jours. (Elle aussi).


Mais c'était quand même une expérience intéressante. 

Parce que j'y ai reçu le titre de Fée Clochette d'Argent, et que rien que pour ça, ça valait le coup. (J'ai aussi reçu le titre de Philatéliste de Bronze - plus surprenant (non parce que la Fée Clochette c'était juste du bon sens) mais passons. 
J'y ai aussi rencontré un certain Darcy (de son pseudo), et ça, avouez que c'est la classe.
Et puis j'y ai récolté bon nombre de "charmes" sous forme de petites baguettes magiques, ce qui, vous l'imaginez bien, n'était pas pour me déplaire. (Passons si vous le voulez bien sur la magie toute relative de recevoir des charmes issus de mecs appelés TonPlanCul ou VingtCentimètres).

Le côté supermarché est assez déplaisant, honnêtement - même si on peut arguer que, quelque part, le site a la décence de le mettre en avant avec humour pour faire passer la pilule : les hommes que tu décides de mettre dans ton panier après avoir fait ton marché sur le site sont ensuite censés être livrés avec notice, bon de retour et clef à molette (des promesses, toujours des promesses).

Mon expérience du site est assez limitée, cela dit, je l'avoue. 
Je n'ai autorisé que quatre garçons à me parler (quand un garçon t'envoie un "charme", c'est qu'il demande l'autorisation de te parler, mais tu peux ne pas l'accepter - ce qui revient à lui mettre un gros vent, bien sûr, mais pas aussi violemment que s'il t'écrivait et que tu devais lui expliquer qu'il ne t'inspire pas du tout ou faire ta pute et l'ignorer), et je n'en ai rencontré que deux. Deux garçons avec qui j'ai passé de très bonnes soirées, hein, mais que je ne reverrai pas, parce que bon, voilà.
Après ça, j'ai désactivé mon compte.

C'est un peu absurde, ce type de rencontre. Et puis c'est un peu oppressant, honnêtement.
Accepter de parler avec quelqu'un semble impliquer que tu es sûre qu'il te plaît et que tu as envie de te le faire. Tu t'engages à quelque chose, et après tu dois te justifier si finalement non, tu ne veux pas passer la journée à lui parler ou le rencontrer dans les deux jours. Si tu acceptes de le rencontrer, n'en parlons même pas. C'est un peu angoissant.

Le premier à qui j'ai parlé m'avait à peine dit bonjour qu'il voulait déjà m'emmener passer l'hiver dans le Périgord pour me faire de la confiture maison (tout ça parce qu'on était tous les deux à Paris et qu'on aimait tous les deux Wes Anderson et Romain Gary, donc vas-y meuf viens on se marie). (Ca m'a fait penser à cet épisode où Phoebe rencontre sa mère et est subjuguée lorsqu'il s'avère qu'elles aiment toutes les deux la pizza et les Beatles).
Un autre a passé la soirée à me dire que j'étais merveilleuse (j'ai eu l'audace infinie d'aller demander des cornichons pour aller avec la planche de fromage et de charcuterie, du coup il a trouvé que j'étais tellement incroyablement spontanée et exubérante, il était conquis, vous comprenez) puis m'a écrit le lendemain pour me dire que je l'avais "laissé sur orbite, la tête dans les étoiles".
Ils m'ont un peu fait flipper.

Y a pas cette pression quand tu rencontres quelqu'un dans la vraie vie. Dans la vraie vie, on se rencontre, on part du principe qu'on est juste deux personnes qui se rencontrent, et puis si jamais on se plaît et qu'on se rend compte que c'est réciproque, alors seulement il est question de passer à la vitesse supérieure. Là, avec Adopte (ou n'importe quel autre site, j'imagine), c'est oui ou non tout de suite, t'es là pour ça  et donc tu dois te prononcer.
Un des mecs que j'ai accepté de rencontrer (dubitative mais bon, allez, après tout pourquoi pas, il avait l'air chouette, il aurait pu me plaire) m'a demandé au bout d'une demi-heure (on venait de finir nos premiers verres) si je savais déjà si ça allait le faire ou non et si je voulais déjà partir.
J'ai trouvé ça assez violent. Je savais déjà qu'il ne me plaisait pas, honnêtement, mais il était sympa, et puis on n'est pas des bêtes, que diable. Je lui ai donc dit que je n'allais pas partir au bout d'une demi-heure, quelle horreur, que c'était inhumain, et qu'on allait reprendre un verre. Du coup on a passé une très bonne soirée à discuter. Sauf que forcément (alors que j'avais été assez claire, il me semble), quand je n'ai pas voulu l'embrasser en partant, je me suis limite fait engueuler. Parce que j'étais restée, quoi merde, faudrait savoir.
Bref, c'est compliqué.

Donc bon, pour mes rencontres, rien de renversant. 
Le plus intéressant, finalement, c'était de voir comment ça marche, de regarder les profils des gens, et de se confronter à ce drôle de phénomène des sites de rencontre qui fait quand même aujourd'hui partie intégrante de notre société.


Déjà, les photos que les gens choisissent de mettre pour se résumer en images sont immensément révélatrices (et souvent assez terrifiantes). (Je vous laisse imaginer tout seuls les mecs en marcel avec des lunettes de soleil miroir et des petites moustaches dégueulasses à la Craig David).
(Par ailleurs, c'est fou comme d'une photo sur l'autre, on a parfois l'impression que ce n'est tout bonnement pas la même personne. Ca m'a particulièrement marquée). 

Ensuite, les pseudos sont à dormir debout (ItalianHeart, YourBodyPoem, FunkyState, AwakeDreamer, NightWish, BeauBébé, MagicFingers... non mais sérieusement, les mecs ?).
Les filles, elles (oui parce que j'ai été regarder les filles, un peu, aussi) donnent plus dans le pseudo de jeune fille en fleurs : FleurSauvage, LinDesIles, Rêveuse, PetitAnge, HybridFlower... (quand tout à coup : AmuseBouche). 
Personnellement, à part Darcy, je ne me suis arrêtée que sur les profils de mecs qui avaient un prénom pour pseudo. Ou au moins un truc digne, quoi. (Comme Playmobil, par exemple) (Huhu). (A ce propos, il y a un nombre impressionnant de Marty McFly, de Jon Snow et de Tyrion, sur ce site). (Notons aussi la présence d'un Dale Cooper, d'un homme surnommé Sarah Connor et d'un autre surnommé Charlotte).

Et puis il y a les textes de description. J'imagine que beaucoup de filles jouent aussi la carte du "Je vous préviens tout de suite, je suis très très très exigeante, vous n'avez aucune chance de trouver grâce à mes yeux", et autre "Je voudrais rencontrer un mec qui ne soit pas sur ce site" (Ben alors va t-en, non ?), mais chez les hommes, il y en a plein. J'ai personnellement été assez choquée par le nombre de mecs qui avaient l'air de t'insulter dans leurs profils, en t'expliquant directement que les connasses débiles, non merci (J'ai beau n'être à priori pas une connasse débile, je me suis sentie attaquée).


Exemple :
"Tu t’appelles Cendrillon, ton rêve est d’être la prochaine Bachelorette, d’ailleurs tu ne rates pas une seule émission sur lobotomie12 avec ta copine Cindy. Tu souhaiterais plus que tout au monde avoir ton petit enfant handicapé afin d’y gagner une conscience et ainsi t’assurer une place au paradis. Ton futur jardin sera rempli de petits poneys que tu pourras brosser à longueur de journées en riant niaisement. Je ne manquerais (sic) pas de te contacter afin que tu puisses me raconter ta vie, et ainsi donc m’aider à régurgiter ce repas mal digéré".

Je ne me sens pas particulièrement visée par ce texte (quoique tout le monde sait que j'aime bien brosser les cheveux de mes petits poneys), mais j'ai été rebutée par tous ces mecs qui tentaient de démontrer qu'il étaient supérieurement intelligents en rédigeant des critiques méprisantes et acerbes du type de femmes qu'il ne voulaient pas. (Alors que j'avais pour ma part su me vendre tellement mieux en racontant que j'aimais mon chat et la confiture).
Quoique je suis convaincue qu'il y aura plein de connes pour leur écrire et leur dire que "Ah ouais t'as vu moi aussi je trouve que Les Anges c'est trop de la merde, j'ai enfin trouvé un homme qui pense comme moi, on a trop le même sens critique toi et moi, on est trop faits l'un pour l'autre, truc de fou - en plus moi aussi je confonds le conditionnel et le futur simple, c'est vraiment un signe !". 
(Oui, je suis une sale grammar freak).
(Message personnel : A ce propos, Gemini Jack, je compte sur toi pour me signaler dans les plus brefs délais toutes les fautes que tu trouveras dans ce post afin de m'éviter, dans la mesure du possible, la honte et l'opprobre. Merci mille fois).

Il y en a aussi qui disent des trucs du genre "Si tu es drôle, vraiment drôle, pas juste parce que tu l'as écrit dans ton profil, et si tu as des passions, de vraies passions, autres que juste traîner avec tes potes et boire des coups, alors peut-être que tu pourras m'intéresser et qu'on pourra s'entendre". 
Qu'est ce que tu réponds à ça, sérieusement ?
Qui va lui dire "Si si je te jure je suis drôle, je suis super rigolote, d'ailleurs laisse moi te raconter la bonne blague du mec qui emmène un pingouin au zoo, blablabla, hahaha, et puis je suis super passionnée de peinture/psychologie/macramé, je suis pas une de ces filles superficielles qui n'ont pas de passion et qui sont juste normalement intéressées par différentes choses (ces grosses loseuses fadasses), promis juré ! Alors t'acceptes de me parler, dis ?" ? 

Et puis il y a un nombre incroyable de mecs qui font des fautes d'orthographe grosses comme eux (exemple parmi d'autres : "Je ne suis pas un homme qui sait fixé d'objectif") (Ben moi j'en ai un pour toi, du coup, éventuellement). Et un nombre incroyable de mecs qui, dans la partie "livres", donnent le titre des cinq romans qu'ils ont étudiés au lycée. Deux détails assez rédhibitoires en ce qui me concerne - parce que je suis une grosse snob élitiste et j'assume. (Je sais que peu d'hommes lisent de la fiction, et j'ai d'ailleurs aimé des hommes qui n'en lisaient pas, mais bon, il y a des limites, que diable). 

En même temps, comme me le faisait remarquer Gemini Jack,
 si tu ne les baises pas et qu'en plus y a pas de bouquin,
 tu risques de t'emmerder sévère. Faut espérer qu'il y ait des DVDs.

(Je me suis demandé comment traduire ce "them" épicène 
- il ne s'agit en effet pas de baiser plusieurs personnes qui n'auraient pas de bouquins, 
offense à la culture s'il en est -
mais avouez que "les" c'est quand même mieux que "le/la")


Cela étant dit, ne soyons pas si dures, il y a aussi des textes rigolos et mignons, des garçons qui ont l'air très sympathiques, et certainement quelques uns dans le tas qui pourraient me plaire dans la vraie vie quand bien même leur profil ne m'inspire pas. 
La plupart des garçons que j'ai aimés dans ma vie ne m'auraient en effet probablement pas plu si je les avais simplement vus en photo. Une photo, c'est très réducteur. Et puis ces petits textes à la con dans lesquels tu dois te présenter révèlent certes beaucoup en peu de phrases, mais restent tout de même une immense connerie, n'ayons pas peur des mots. 
Bref, je ne doute pas qu'il y ait des mecs bien sur ces sites de rencontre et qu'on puisse y trouver l'amour. (C'est après tout comme ça que mon père a rencontré sa nana, et que Gigi a rencontré son dernier grand amour). (Elle, c'était sur Tinder, mais moi je suis pas in, j'ai pas internet sur mon portable. Ancêtre que je suis, si j'ai atterri sur Adopte un Mec, c'est en fait uniquement parce que 3615 CUM n'était plus attribué).
(A ce propos, je sais pas vous mais moi 3615 CUM j'ai toujours trouvé ça super sale, comme nom. C'était censé être un truc pour trouver l'amour, mais dois-je vous rappeler qu'en anglais "come" veut dire "jouir" mais aussi "du sperme". C'est un fâcheux hasard ou bien c'était voulu et je suis une grosse naïve ? Non parce que CUM, franchement, c'est censé vouloir dire quoi, sinon ?).


Mais bref, passons.
On peut potentiellement trouver l'amour sur un site, disais-je.
De plus, j'arrive à un âge (je vais avoir 33 ans, les mecs ! L'âge de la mort du Christ ! J'ai peur, un peu) où les occasions de rencontrer des gens nouveaux en dehors des bars s'amenuisent pas mal (vu que j'ai un peu fait le tour de mes amis d'amis, et que, mes amis étant nombreux à être en couple et installés, ils sortent moins) (j'ai passé la soirée d'hier avec ma bande de potes de la fac que je n'avais pas vus depuis dix ans - ils sont tous en couple et installés depuis des années, avec des enfants en bas âge pour la moitié).
Du coup, les sites de rencontre pourraient être une solution acceptable.
Mais rien à faire, je ne suis pas prête à rencontrer quelqu'un comme ça. 
J'aime pas l'idée.

Bref, voilà pour ma brève expérience Adopte un Mec.
(Sur ce, laissez moi vous informer que Nala va bien).

De toute façon, mes amis, croyez-en ma bonne expérience : l'amour c'est des ennuis.
Et puis j'ai envie d'être avec personne, là. Je trouve que tout ça, c'est très fatigant.
Du coup, je me mets en jachère pour l'été. 
(Comme ça à la rentrée je serai toute couverte de coquelicots, ce sera du plus bel effet).

- I want adventure ! I want romance !
- Ned, there's no such thing as adventure. There's no such thing as romance. There's only trouble and desire.
- Trouble and desire ?
- That's right. And the funny thing is, when you desire something, you immediately get in trouble, and when you're in trouble, you don't desire anything at all.
- It's ironic.
- It's a fucking tragedy is what it is, Ned.

Tout ça pour dire que dans moins d'une semaine, je serai au bord de la mer, à Tara, avec mes potes, et que je suis une femme comblée. 


Je vais prendre le soleil avec BB et Lady V (entre autres) (c'est nous, là, sur la photo : BB en brune, moi en rouquine, Lady V en blonde. On a toujours ce naturel et cette spontanéité renversante, sur la plage, elles et moi), et ça va être chanmé. (Oui, je dis "chanmé". Je suis vieille. T'as un problème ?). (C'est cette soirée revival années 2000, où on s'est retrouvés à dire que "le vin, il déboîte !" - for old times' sake -, qui a déclenché comme une brèche spatio-temporelle dans mon vocabulaire).
On a été cons, d'ailleurs, maintenant que j'y pense, on aurait dû se donner rendez-vous sur la place des Grands Hommes ! (Dans le temps, c'est là qu'on jouait à 1,2,3 Soleil en pleine nuit, après la fermeture des bars, avant de rentrer chez nous).

Je n'aurai pas internet chez moi (dois-je vous rappeler que Gone with the Wind a lieu au dix-neuvième siècle ?) mais j'ai la ferme intention de réécrire sous peu, parce que bon, hein, quand même. 

Je vous souhaite de profiter du soleil (enfin pas aujourd'hui, là il pleut depuis trois jours, mais vous m'avez comprise). Il va faire beau tout le mois de juillet en France, qu'ils ont dit sur internet, donc profitez-en bien. Cela dit vous avez aussi le droit de rester enfermés chez vous à lire ou à mater des séries, hein, pour ce que j'en dis.



Sur ce, je vous laisse avec les perles du bac 2004, parce que c'est rigolo.
Et sur cette phrase à méditer, donc : « Notre liberté de choix peut se fracasser devant l'arc-en-ciel de nos émotions. ».
(A ce propos, j'ai fait ce test stupide sur Facebook, et on m'a annoncé que mon cerveau n'était qu'à 20% rationnel. Ca m'a fait bien rigoler).

Et puis, comme mot de la fin, je vous soumets cette belle devise, histoire de clore en beauté.

 

Bien le bonjour chez vous !